Saw fut l'un des plus gros succès commerciaux du film d'horreur. Le film avait rapporté plus de 55 millions de dollars sur le sol américain. Il était donc obligé que ce premier opus allait engendrer une suite. Mais pour le deuxième volet, James Wan laisse la main à Darenn Lynn Bousman, qui réalisera plus tard la major-partie des épisodes de Saw. Le résultat est sans attente et, bien évidemment, en dessous du premier opus. Saw 2 promet plus de perversité et de pièges diaboliques. Le film tient toutefois ses promesses en la matière, notamment avec la scène d'ouverture qui a le mérite de mettre les choses au clair : ça va être sanglant. Ainsi, le spectateur en espère davantage tout le long du film. Le réalisateur mise bien sur certaines scènes gores, mais d'un point de vue purement cinématographique, le métrage se révèle d'une bien piètre qualité. Contrairement au premier opus, qui avait le mérite de s'attarder sur la psychologie des victimes, les réalisateurs et scénaristes de Saw 2 ont oublié toute ambition en multipliant les personnages stéréotypés. Quant à la confrontation entre Jigsaw et le flic, dont les attitudes suite aux provocations du tueur sont totalement prévisibles, elle est sans intérêt et fait figure d'un Silence des agneaux pauvre. Pour se montrer convaincant chez les victimes du Jigsaw Killer, c'est à celui ou celle qui va crier le plus fort et cela devient vite insupportable pour l'auditeur. Le jeu d'acteurs est sauvé de justesse par Tobin Bell, qui reste le seul personnage auquel on croit. Et quant à l'effet de surprise, il est totalement absent : les défauts n'apparaissent dès lors que plus patents. Le film multiplie les scènes de cruauté et - il faut le reconnaître - les scénaristes font preuve d'une imagination inquiétante, mais le reste est finalement dénué d'intérêt, à l'exception du désormais incontournable twist final, comme dans le premier opus. Et au niveau de la réalisation, Darren Lynn Bousman, spécialisé dans le clip et la pub, a décidément bien du mal à passer au format grand écran et long métrage : l'usage du flash-back peut constituer une approche narrative intéressante mais ces flash-back sont ici identiques, pour les scènes intimistes comme pour les moments d'horreur ; le montage nerveux tourne au montage épileptique : c'est bien simple, on a l'impression de regarder pendant une heure et demie une bande-annonce. Le réalisateur dit pour autant s'être servi de ses inspirations telles que Shining. Excepté, en effet, un passage entre le balèze qui tente d’attraper les deux derniers survivants, rien, absolument rien ne relève du chef d'oeuvre de Kubrick. En somme, on se souviendra de Saw 2 comme d'une série B pas très plaisante, avec tout de même un twist final et quelques scènes gores, plus nombreuses que dans le premier, bien placées par moment. Ainsi, la cruauté brute de ce film ne relève d'aucune réflexion et c'est bien dommage.