Film sorti très discrètement en 2006, Uno m'a marqué et j'y ai pensé régulièrement depuis, espérant en trouver une copie DVD. Chose faite, j'ai pu le revoir avec plaisir. Le cinéma norvégien est très peu connu en France, donc aucun repère particulier pour appréhender cette œuvre. On est loin du film carte postale, où la Norvège se limiterait aux îles Lofoten et Oslo à une riche capitale scandinave sans problème.
Dès la première scène, on est frappé par le regard intense et douloureux d’Aksel Hennie (acteur très connu dans son pays). La mise en scène et la photo sont maitrisées, avec une image qui oscille entre le doré et le jaunâtre, comme si le personnage hésitait entre deux mondes. Le scénario est solide, évite les écueils poussifs que l'on rencontre trop souvent dans les films de rédemption où les bad guys doivent payer pour leurs crimes afin que le héros puisse s'en sortir. Rien de cela dans Uno: l'univers sombre, glauque voire poisseux de cet Oslo underground est le théâtre parfait pour la résurrection douloureuse de David, qui après avoir du faire face à l'injustice, la trahison, la violence et la mort, esquisse un léger sourire lorsqu'à même le sol, il baigne dans du sang abusivement versé.
Aksel Hennie signe le scénario, met en scène et joue le rôle principal. C'est visiblement une histoire qui lui tient à cœur, inspirée d'un épisode douloureux de sa vie du temps où il trainait et dessinait des graffitis dans les rues d'Oslo. Il est fascinant de voir un seul homme se diviser en trois artistes complémentaires qui travaillent sur la même œuvre en superposant chacun leurs visions singulières. Tout est sous contrôle mais rien n'est figé. C'est subtil est admirablement soutenu par un casting juste.
Uno est un film sincère, intense et puissant qui aurait mérité une meilleure reconnaissance internationale. C'est une première œuvre qui ne se compromet pas dans les clichés et poncifs tordus du film de genre, le parcours violent mais humaniste d'un drame existentiel.
Véritable film à la tonalité sombre, "Uno" démarre plutôt mal et n'arrive pas vraiment à imposer rapidement ses personnages. Le montage est assez maladroit et laisse augurer du pire. Heureusement, une fois que l'intrigue se met en place, tout s'arrange et, si le cinéaste-acteur principal n'évite pas quelques coquetteries de style, l'ensemble est d'un bon niveau. La meilleure idée vient de cette illustration sonore très douce et apaisée lors de scènes visuellement violentes. Le contraste est vraiment intéressant et permet au film de s'élever au-dessus de la production courante. Pour autant, l'intégralité du métrage reste inégal. Un bon moment à passer tout de même.
Le film met du temps pour rentrer en matière, et une fois dedans c'est bien mais c'est trop. C'est-à-dire que le jeune personnage fait face à tellement de dangers qu'on y croit de moins en moins, et qu'on est même fatigué. On en devient moins intéressé, mais seule l'interprétation de l'acteur reste de vigueur
Bon, le film n'est pas parfait d'accord (Tom McRae est une arme de destruction lacrimale massive, le réalisateur le sait, mais nous aussi, donc c'est quand même plutot facile comme artifice; et on passe un poil trop vite d'une situation à une autre), mais mon dieu, que ce film est humaniste (à la taille de l'homme) et comme cela fait du bien.
Un film qui sort les tripes et qui nous en met plein la g... figure. Impossible de rester insensible à cela. Et vu que c'est le but du cinema à prioris, ça tombe plutot bien. Un film coup de poing, nuancé, sobre. Bref, un très bon moment. Allez, quatre étoile, tu le mérites largement Aksel.
Un très joli long-metrage, porté par une réalisation nerveuse. Les personnages y sont tous crédibles, attachants, et la peinture est très vite plaisante. Une vie qui explose, avec grâce et émotions.
En cherchant à rendre son début attractif par toute sorte d'artifices visuels des plus grossiers, Askel Hennie vient nous gacher les trois premiers quarts d'heures de son film, le rendant vraiment difficilement supportable. Fort heureusement le jeune réalisateur scandinave sait par la suite corriger ses maladresses et on se surprend vite à ne plus décrocher de cette histoire au propos plus universel qu'on ne pouvait l'imaginer au premier abord. Certaines scènes savent être choc, certains regards savent être sobres : au final on se laisse séduire par cette oeuvre brute et entière.