La Question humaine a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du festival de Cannes 2007.
La Question humaine est l'adaptation du roman homonyme de François Emmanuel. Nicolas Klotz, alors en plein tournage de Paria, entendit l'auteur parler de son livre à la radio. Fasciné, il l'acheta aussitôt et demanda à Elisabeth Perceval, sa scénariste, de le lire et de le lui raconter, de peur d'être déçu.
Mathieu Amalric ne s'est pas contenté de " lire " la " voix-off " lors de la post-production, mais l'a apprise dès le début du tournage, " pour ressentir la schizophrénie de Simon (...) Cela m'aidait à bouillonner de pensées dans ma tête alors que j'essayais de les effacer de mon visage. "
"Quand nous avons commencé à réfléchir au film, j'ai demandé à Robert Wyatt de composer la musique originale. Il était d'accord, mais cela m'a rendu vite un peu nerveux. (...) J'avais peur de ne pas oser lui demander de refaire quelque chose si ça n'allait pas. Puis notre fille, Hélèna, nous a présenté le groupe Syd Matters dans lequel joue son ami Rémi Alexandre. On a organisé un concert à Montreuil avec Syd Matters et un autre groupe, Los Chicros, qui sont des amis. Quand j'ai entendu la voix de Jonathan, le son du groupe, j'ai eu envie de travailler avec eux. On les a suivis sur pas mal de concerts. Jonathan a lu le scénario, a " vécu avec " comme il dit. Une fois le film tourné, il est venu regarder un pré-montage d'une quarantaine de minutes. Trois jours plus tard, il est revenu avec des sons, des fragments, une chanson pour le générique de début, des boucles, avec lesquels on a expérimenté dans le film. On a fini par louer un studio, cinq jours et cinq nuits, et ils ont réalisé toute la musique, en improvisant sur les images : ils se sont appropriés les dialogues du film pour les sampler. C'est leur première musique de film ; une succession d'états météorologiques, atmosphériques, une sensation physico-chimique qui contamine l'ensemble du film. Il y a également une part musicale plus documentaire, qui correspond au défoulement nocturne des jeunes cadres. Là, ce sont des morceaux de cold wave, de New Order, les années 80 (...) Il y a aussi le monde musical de Jüst / Lonsdale, sa part secrète. C'est Schubert : l'élégie suprême et le recueillement absolu, mais aussi le fil directeur de l'enquête menée par Simon sur son patron."
"Le cinéma muet me travaille de plus en plus. La plupart des cinéastes qui m'inspirent aujourd'hui viennent du muet. J'aime beaucoup Fritz Lang , Jacques Tourneur , et John Ford . Contrairement à Alfred Hitchcock qui nous renvoie à nos peurs d'enfant de manière solitaire ; Lang et Tourneur explorent la peur de manière plus collective, plus politique, plus subversive. Cesont des cinéastes de la peur, leurs personnages sont sur des seuils, comme face à des portes qui font passer vers d'autres univers. La fin du film bascule vers autre chose. On sort de la peur. La parole, les visages, les corps, redeviennent humains. Quelque chose se répare du côté de la communauté."
"La Shoah est un des actes fondateurs de la modernité, elle a révélé la part maudite de la société industrielle. Elle en fait organiquement partie. Toute la question est de savoir si ses frontières sont étanchement délimitées dans le temps et dans l'espace. (...) Il ne s'agit pas d'expliquer le contemporain par la Shoah, mais de tenter de percevoir des résurgences, des projections, qui participent au contemporain selon des formes très singulières qui ne sont plus celles du monde des années 40. C'est très important de ne pas enfermer cette question dans les pièges de la réponse."