Ces PDG du capitalisme mondialisé, ultralibéral, reprojettent-ils, de manière diluée, par le "dégraissage" de salariés, ce processus rationnalisé de déshumanisation totale des "inutiles", à l'oeuvre dans le fascisme nazi? Face aux non-dits, c'est par l'enquête, par voie introspective que ce film force aux résurgences, re-tisse des liens entre l'esprit de destruction de l'"humain" (par rejet phobique), des êtres réduits à des "pièces", à de simple unités, et sa responsabilité dans la gestion ultra-rationnelle, soi-disant humaine mais en réalité profondément froide et superficielle, des gens de la maison-entreprise. Le capitalisme travaille à détruire les sentiments altruistes. Délocaliser, restructurer, formater, aller jusqu'à nier et se couper d'émotions pour simplement suivre les directives, cela ne rappelle-t-il pas l'oeuvre du tyran? Pour tout dire, c'est le genre de film pour lesquel il est bien difficile de mettre une note, bien que le propos en question semble manquer de matière, d'appuis: 3 étoiles reste subjectif. Certes, c'est lent mais pour moi, trouver ça "mou" serait presque une insulte; au contraire, cette lenteur s'avère nécessaire et je n'ai pas ressenti -à ma grande surprise- d'ennui (mis à part un peu durant la séquence de fado dans le bar, pourtant touchante); en outre, le film est traversé de tensions, parfois extériorisées et, surtout, intérieures, retenues. Il est tout aussi difficile de transmettre la force de l'écrit, à partir du livre de François Emmanuel, qui pose la question "la société industrielle est-elle maudite?"
La "couleur" du film, homogène, soit grise, bleuie, marron (couleur du fascisme), sombre ou d'une lumière plate, nous plonge dans une atmosphère de confinement et soutient la réflexion.
Nicolas Klotz filme juste, sans effet forcé. Matthieu Amalric (Simon) et ses yeux scrutateurs joue plutôt bien. Un Lonsdale égal à lui-même. Par contre, c'est pas non plus super crédible. Le propos force parfois au manichéisme. Pour réfléchi