Encore un film raté et là, dommage, vraiment dommage parce que c’était un film ambitieux. Hélas, Nicolas Klotz n’a pas les épaules assez larges pour porter François Emmanuel… Pour réussir ce film, il aurait fallu filmer simple, linéaire, le contraire de ce que fait Klotz qui, chichiteux (je suis un intello, moi, Môssieu), égare le film dans des digressions interminables. Ah, le chanteur flamenco ! on croit toujours qu’il va s’arrêter, mourir, en finir quoi, mais non. Ah, la rave electro bien biturée… et les amours pitoyables du héros, on s’en fout ! Mais l’attention se dilue à droite et à gauche, s'éloigne de l'essentiel.
Mathieu Amalric, acteur bien surfait quoiqu’agréable dans certaines comédies (d’un intérêt discutable d’ailleurs mais c’est un autre débat) est là carrément mauvais -ne trouve pas ses marques –dépassé lui aussi. En fait, à peu près tous les acteurs sont mauvais, sauf notre cher Lonsdale, égal à lui-même, dans ce rôle de directeur dépressif (et même complètement piqué). Maintenant, le Critique de cinéma, qui voit toujours ce qu’il avait décidé de voir avant d’entrer dans la salle de projection, nous chante « passionnant parallèle entre les dures lois du monde de l’entreprise et celles des camps d’extermination ». Ben non ! je défie l’Ingénu n’ayant jamais entendu parler du livre et rentrant vierge dans la salle de voir autre chose qu’un règlement de compte confus entre descendants d’anciens nazis. Pourtant, il y a matière à réflexion : ici, une direction des ressources humaines impulsant la création d’un orchestre dont elle se fout complètement, dans le but de distraire le personnel des problèmes de restructuration ; là des nazis utilisant les capacités artistiques du bétail humain dont il dispose pour organiser entre esthètes des soirées culturelles à base de Schubert et de Beethoven… Où sont les plus cyniques ?
On peut rêver à ce qu’aurait donné ce film dans d’autres mains, celle d’un Sydney Lumet par exemple… Faut pas rêver, ca fait trop mal.