Barratier aime la musique et lui consacre le coeur de ses deux premiers films... Mais ne fait-il pas fausse route avec Faubourg 36 ? L'argument, ténu, basé sur des chansons de R.Wagner et F.Thomas, est en effet bien maladroitement développé et ne tient pas debout -si ce n'est, justement, par la force d'une musique aussi omniprésente que magnifique, que l'image peine bien à suivre.
Résultat de cette méthode « à rebours » : un scénario poussif et artificiel, rempli de clichés (sur l'amour, l'amitié, le Front Populaire, le fascisme, romancés et simplistes) ; à défaut de véritable structure, un rythme fébrile, une histoire tâtonnante et filandreuse, qui se perd en intrigues sans corps jusqu'au surprenant déchaînement de violence final -deux assassinats, tout de même, et pas des plus tendres… On ne s’y attendait guère, après tant de bonnes intentions. Mais le pauvre Kad Merad, qui s’était compromis auprès des « méchants » de l’affaire, ne devait-il pas être puni, malgré son époustouflant repentir ?
A l’image des décors, en effet, rien ne sonne juste. Ni la brute amoureuse de la jeune fille ou le pauvre chômeur injustement dépossédé de son fils (Gérard Jugnot), ni ce fils exemplaire qui gagne de l’argent en cachette pour aider son père, a fortiori les rodomontades du peu fascinant Milou de Clovis Cornillac, ou les mignardises de Nora Arnezeder, filmée sous sa moindre couture. Tout cela se trémousse et s’agite au gré de belles images, de musiques somptueuses, de chansons profondément marquantes. Mais cela ne fait pas sens. A peine se divertit-on de la jolie revue livrée en deuxième partie de film, et qui suscite à juste titre un véritable enthousiasme. Après, tout retombe encore et ne sait pas comment finir. A moins que le cinéma ne soit aujourd’hui qu’un remède à la grisaille française, ou un très joli produit commercial (les Américains, après La Môme, adoreront ce Paris de carte postale), on peine à comprendre la raison de telles entreprises.