Avec pas loin de 9 millions de spectateurs en salles, une poignée de Césars et une nomination aux Oscars, Christophe Barratier avait fait de ses “Choristes”, son coup d’essai, un véritable coup de maître, sur le plan comptable du moins. 4 ans plus tard, voici donc la difficile étape de la confirmation que le neveu de Jacques Perrin n’est pas l’homme que d’un seul film. Fort d’un budget et d’une pression accrus, le metteur en scène a ici pris un énorme risque, en réunissant, à nouveau, Gérard Jugnot et Kad Merad autour d’un cocktail fait de reconstitution et de comédie musicale, mais la réussite de l’entreprise n’en est que plus éclatante. Sans jamais donner l’impression de diriger “Les Choristes, 10 ans avant”, Christophe Barratier surclasse sa précédente réalisation avec ce récit d’un petit groupe de personnes luttant pour faire vivre un cabaret, dans le Paris du Front Populaire. Si les bons sentiments sont encore de mise dans ce spectacle calibré pour un public résolument familial, la niaiserie n’hante jamais les coulisses du Chansonia, lieu principal de l’action, que la caméra de Barratier explore avec une fluidité constante, empêchant ainsi le film de se figer dans un somptueux Paris reconstitué au détail près. Parsemé d’une multitude de référénces (“La Belle équipe”, notamment) qui n’étouffent jamais le récit, “Faubourg 36” mélange parfaitement tous les éléments habituels du film populaire, pour nous offrir un spectacle de haute volée, certes un poil prévisible, mais teinté, par moments, d’une noirceur et d’une gravité bienvenues. Lesquelles sont compensées par la révélation de la lumineuse Nora Arnezeder, rayon de soleil d’un film qui la voit côtoyer des acteurs tels que Gérard Jugnot, Clovis Cornillac et Kad Merad, tous impeccables dans des rôles qui leur vont à merveille. Ambitieux et maîtrisé de bout en bout, voici donc un long métrage en chansons, enchanteur et touchant, auquel on ne peut que souhaiter un destin aussi fabuleux que celui des "Choristes".