Présumé Innocent est un film solide, carré, typique du cinéma de Pakula, sans grand génie mais proprement fait et réalisé.
Le film dispose d’un casting d’abord très séduisant. Harrison Ford dans le rôle principal livre une prestation très appréciable. Ce n’est pas là son meilleur rôle, mais clairement il s’investit dans son personnage, et donne au métrage un réel intérêt supplémentaire. A ses cotés, Bonnie Bedelia dans la meilleure partie de sa carrière, discrète mais proposant une interprétation fine tout à fait au point. Brian Dennehy, John Spencer, Greta Scacchi aussi dont il convient de saluer la prestation (femme fatale parfaite) ne sont pas en reste, mais clairement celui qui retient l’attention c’est Raul Julia. Il est imposant dans son rôle d’avocat, étant un délice à suivre dans la deuxième partie du film. Vraiment un grand acteur, dommage qu’il ait disparu trop tôt.
Le scénario est solide. En fait le début est un peu laborieux. Il y a un réel manque de fluidité, les choses ne s’installent pas très bien, il y a pas mal de bavardage sans grand intérêt. Mais ensuite les choses s’améliorent nettement, et le meilleur reste indéniablement la deuxième partie, lorsque l’on entre nettement dans le vif du sujet. Le suspens gagne en intensité, l’aspect lisse du début laisse place à des réalités plus machiavéliques, les pistes sont nombreuses. Globalement Présumé Innocent se relance bien à mi-chemin, et cela est vraiment un bon point pour un film de plus de 2 heures. Peut-être que la fin n’est pas très surprenante en fait, mais elle tient la route.
Techniquement le film est très correct. Pakula livre une mise en scène un peu plate, un peu molle, trop « feuilletonnante » surement, mais elle a un certain charme, un caractère justement un peu rétro qui lui sied bien aujourd’hui car ce n’est plus vraiment le type de mise en scène très à la mode aujourd’hui. Quelques beaux plans néanmoins. La photographie n’est pas mémorable, très sobre, mais malgré cela, elle et les décors donnent une belle ambiance au métrage. Il y a un coté feutré, lisse, derrière lequel on sent qu’il y a quelque chose qui cloche. La bande son est redoutable par ailleurs. Elle aussi, sans fioriture, elle est vraiment très plaisante à attendre, et renforce indéniablement l’atmosphère du film. C’est l’un des meilleurs points de Présumé Innocent.
Alors Pakula ne livre pas ici un summum du genre, mais enfin, il tient le spectateur sans difficulté particulière pendant 2 heures, et cela est un bon point. Porté par un casting très solide, doté d’un scénario un peu inégal mais globalement intéressant, techniquement appréciable sans non plus côtoyer des sommets, Présumé Innocent vaut le coup d’être vu. Ne serait-ce que pour l’impressionnant Raul Julia.