Voici un film d'un genre qu'on croyait oublié, ne faisant plus que la joie des chaînes de TV, la saga.
Sauf que là, Dolmen & Co, c'est de la rigolade !
Rien ne vous sera épargné, violence sanglante, violences aux femmes, alcoolisme, suicides, euthanasie, lobotomie, viols, à la limite de l'inceste, bref, la super famille que tout un chacun imagine au fin fond d'une province centrale et perdue de notre pays … en 1650.
Là, c'est Osaka entre 1910 et 1980, la venue au Japon d'un coréen (sic) joué par Kitano.
Lui seul porte le film à bout de bras, on est toujours très proche de l'écœurement mais son personnage incroyable nous amène à rester et voir jusqu'où le réalisateur veut aller. Et jusqu'où Kitano peut se rendre immonde et abject. On est donc très loin d'un "été à Kirujiro" !
Si on accepte ces grosses ficelles, on rentre assez facilement dans le récit, souvent bien joué, même si pour un français ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver entre les coréens et les japonais, mais aussi les multiples frères, beaux-frères et autres demi-frères dont certains se ressemblent beaucoup.
L'intérêt principal en dehors de la présence de Kitano est l'évocation d'un quartier d'immigration coréenne dans ses aspects quotidiens, de la première guerre mondiale jusqu'aux avions de ligne à réaction. Mais aussi la mise en scène des cérémonies et des coutumes qui sert souvent le récit au lieu d'amener des lenteurs. En un mot comme en cent, c'est exotique.
Ce n'est pas un grand film (sauf par la durée) puisque le sujet ne pouvait pas se faire déplacer les foules ou les producteurs, on a donc droit à quelques effets spéciaux cheap, mais rien de grave. La musique est lancinante mais correcte, et la manière de filmer particulièrement neutre pour mieux se concentrer sur les personnages.
Mais c'est une sacrée partie de plaisir malsain quand même.
C'est une impressionnante performance de l'acteur principal, qui gagne au fur et à mesure ses galons de pro pur et dur en dehors de ses réalisations personnelles.