Humanisme, tendresse et violence sont quelques-uns des axes traversant ce film, réflexion aussi sur labsurdité de lépoque et la nostalgie d « avant », du début du siècle où les frontières, absurdement tracées au Moyen-Orient par Français et anglais, nexistaient pas pour ce quelles sont devenues, balisage que lon sait de tous les conflits. Sur la violence, point nest besoin de sétendre. Le film nous entraîne dans une traversée des frontières, traversée réelle dun taxi qui emmène lAméricaine Rebecca (Natalie Portman)et son chauffeur, lIsraélienne Hannah (Hanna Laslo, époustouflante !) vers une « Free Zone » où chacun, quelle que soit sa nationalité achète et vend sans question de nationalité, de culture ou de religion. La zone libre !!! Zone de commerce, sans plus, seul dénominateur commun à une coexistence, et non zone de paix. Les règles humanistes sont donc brouillées. Comme le seront les images de ce film. Surimpressions, caméra à lépaule, mouvements saccadés, le film est techniquement très travaillé. La tendresse dAmos Gitaï pour ses personnages se lit à chaque instant dans la façon quil a toujours de les faire vivre ensemble, quoique dans le conflit...Au-delà dune histoire de passage de frontière, cest à une traversée métaphorique de toutes les barrières que nous sommes conviés. A. Gitaï a fait lui-même ce voyage, dans cette Free Zone, avec un chauffeur. De cette expérience, il a changé hommes en femmes, ce qui accentue plus encore la sensibilité de son propos. Le caractère anecdotique, quasi documentaire du film éloigne des réalisations précédentes comme Kadosh. Cest que la gravité dune situation ne se mesure pas à lintensité des conflits.. Même si le non-achèvement du propos reflète limpossibilité dune conclusion sereine, on attend quelque chose de plus. Peut-être laurons nous dans un prochain film
Avec peu darguments, Amos Gitaï fait passer un message dune incroyable force. Petite pierre blanche dun chemin encore long à parcourir