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inspecteur morvandieu
40 abonnés
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3,0
Publiée le 22 novembre 2024
En un scène abrupte et puissante tenant lieu de préambule, Mauro Bolognini expose la violente discorde dans la famille Ferramonti, le mépris insultant du père, riche marchand de farine, à l'endroit de ses enfants qu'il déshérite sur le champ, la haine qu'il reçoit en retour. On ne connaitra pas dans le détail l'historique et les germes d'une si féroce désunion mais on peut soupçonner une commune cupidité, avec l'héritage du patriarche en jeu. Bolognini réalise une oeuvre éminemment romanesque, avatar balzacien ayant pour cadre et pour sujets une médiocre bourgeoisie romaine de la fin du 19ème siècle. Sur un mode volontiers esthétisant -décors, costumes et surtout belles images volées dont le cinéaste est coutumier- Bolognini cultive les thèmes élémentaires d'un certain genre littéraire: les affaires de famille riche, l'argent, la trahison ou encore la passion charnelle. Cette façon reste à la superficie des personnages et du sujet et limite l'intérêt qu'on peut prendre aux turpitudes des Ferramonti. Toutefois, les manoeuvres pour capter l'héritage du vieux chef de famille et cette ambition du roturier qui veut s'élever constituent une intrigue à laquelle Dominique Sanda, d'une beauté fascinante, donne une dimension machiavélique. Son personnage de bru angélique est la figure centrale de ce drame bourgeois qui progresse désormais suivant ses manipulations et son projet sournois Elle est telle une mante religieuse et c'est un rôle envoutant pour Dominique Sanda.
Portrait sombre et baroque d’une famille italienne du XIXe siècle qui se déchire, avec au milieu la vénéneuse et cupide belle-fille Dominique Sanda (primée à Cannes) qui tire les ficelles pour récupérer le magot du vieux, interprété par l’excellent Anthony Quinn. 3,75
L'héritage d'Anthony Quinn n'est pas que financier : il est surtout fait de haine. Derrière la boulangerie familiale qu'il ferme et les ponts coupés avec sa famille, il laisse une traînée d'animosité et un relent prématuré de cercueil. L'ambiance notariale et testamentaire nous fait comprendre qu'on commence par une fin. Au-delà du drame familial, Bolognini explore grâce à cela une transition bien plus grande qu'il effleure à peine pourtant.
Dominique Sanda retrouve un peu de sa propre jeunesse chaotique dans son rôle. Bourgeois et doué, son personnage Irene est également vicieux et manipulateur, et va devenir le parasite saprophyte de l'arbre généalogique malade des Ferramonti. Succube psychologique brillante, elle fertilise la haine afin d'y faire germer ses propres intérêts. Mais la haine, telle une mauvaise herbe, pousse ailleurs aussi.
Ce déplacement des affects est mis en parallèle de la transition économique italienne succédant au Risorgimento. Rome, nouvellement capitale, découvre son désir de grandir par tous les moyens et le dégoût d'elle-même que cela lui procure. Tout comme l'entremetteuse humaine qui se joue des sentiments, la ville transforme ce qui l'entoure par la séduction et des promesses. On l'aime et on la hait comme Irene est haïe et aimée, et l'on se sent à la fois grandi et trahi d'avoir eu affaire à elle.
Irene n'est pas que le parasite, et la famille dont elle abuse n'est pas juste un arbre. Ensemble, ils sont toute une forêt qui pousse. Les Ferramonti sont l'Italie. Irene est le progrès.
Si l’héritage était également un des thèmes de LA VIACCIA (1961), la dénonciation sociale précise et la tragédie de manquaient pas de grandeur et Claudia Cardinale y était géniale, magnifiquement belle et distanciée. Dans l’EREDITA FERAMONTI rien de tout ça. La description des turpitudes de la bourgeoisie face à l’argent généré par la mutation provoquée par la main mise des pouvoirs politique et financier du nord sur le Sud et Rome, mène à une galerie de personnages plus vénaux les uns que les autres, avec pour morale que tout arriviste finit par trouver encore pire que soi. Dominique Sanda interprète une « angélique » petite bourgeoise qui flaire le bon coup en épousant le raté d’une fratrie élevée dans la valeur de l’argent à tout prix par un père qui les a reniés. spoiler: Faisant don de son corps aux mâles de la famille, elle abusera jusqu’à l’intransigeant paternel (Anthony Quinn tour à tour odieux et touchant), qui mourra heureux dans l’illusion d’avoir été aimé, mais dépouillé de sa fortune à l’insu de son plein gré. Tout cela pour le plus grand bien d’un couple d’ordures hors normes, les Furlin (Adriana Asti et Paolo Bonacelli). Réalisé et interprété avec beaucoup de classe l’EREDITA FERAMONTI offre une soigneuse reconstitution de l’époque, avec les décors somptueux de Luigi Scaccianoce et Bruno Cesari, ainsi que les costumes de Gabriella Pescucci, magnifiée par un mise en image très picturale d’Ennio Guarnieri, qui renforce, par contraste, la sécheresse d’un propos accablant, où chaque étape est juste plus nauséabonde que la précédente. Un des films les plus sinistres de Mauro Bolognini.
Tout est parfait dans ce film, de l'interprétation à l'image, en passant par la bande son d'Ennio Morricone. Ce tableau cruel de la société petite bourgeoise du début du 19ème siècle évoque l'univers de Zola. Aucun personnage n'inspire vraiment la sympathie. Tous ne sont animés que par l'appât du gain. Pourtant, le splendide personnage de Dominique Sanda sort du lot car il s'agit d'une femme qui se bat avec les armes dont elle dispose, la séduction et la ruse, dans un monde largement dominé par les hommes. La chute est à la hauteur d'un scénario subtil et sans concession. C'est la bourgeoisie combinarde la plus médiocre qui triomphe, avec l'aide de la justice, annonçant la société italienne moderne. Peu de mélos historiques en disent autant sur l'âme humaine et le caractère corrosif de l'argent. Une magnifique réussite de Bolognini.
Bolognini film la cruauté sous toutes ses formes : la cruauté physique et autoritaire du père, la cruelle humiliation de l’ingénu cocu, celle d’Irène qui se joue de son amant, et enfin la plus efficace et subtile, celle du beau-frère politicien. La réalisation s’appuie sur la trivialité des relations familiales face à l’élégance voyante des apparences mondaines. David Hamilton ne renierait pas la photo très filtrée. Quant à Dominique Sanda, elle est remarquable en ange déchu (puis déçu) pervers et ambitieux. Un très bon film !
Une histoire de famille bien ficelée, sachant qu'on a parfois du mal à tout comprendre côté logique des personnages. L'interprétation d'Anthony Quinn est évidemment un modèle. Cet acteur a t-il seulement raté un film ? Dominique Sanda et son ton monocorde nous plaît moins, bien qu'il soit dans l'air du temps des années 70. Cinéma italien est ici presque une redondance.
Le hasard du calendrier des reprises a permis en l’espace de trois mois de (re)voir des films mettant en vedette Dominique Sanda, une actrice absente des écrans de cinéma depuis trop longtemps à mon goût mais que l’on pourra retrouver en début d’année prochaine à l’affiche du nouveau long métrage signé Nicole Garcia. Autant dire que mon cœur de cinéphile bat la chamade. « L’Héritage » permet également de replacer voire de réévaluer un grand réalisateur italien, Mauro Bolognini en l’occurrence, pas assez reconnu à mon sens et dont ce film démontre toute la maestria de son art. Esthète mais pas seulement, le cinéaste se complaît avec ce film à nous exprimer la rivalité et la cupidité qui anime la famille Ferramonti en cette fin du dix-neuvième siècle avec pour toile de fond la capitale italienne et sa mutation aussi bien sociale que territoriale. Un régal pour l’esprit mais aussi pour l’œil (l’image est somptueuse) agrémenté d’une superbe partition musicale de Ennio Morricone. Face à une Dominique Sanda magnifique et machiavélique à souhait, il y a aussi le plaisir de revoir un géant du cinéma américain, Anthony Quinn ainsi que le ténébreux Fabio Testi, acteur sous-estimé et sexy en diable.
L'un des chefs-d'oeuvre de Mauro Bolognini, un réalisateur honteusement sous-estimé qui s'est fait éclipser par ses contemporains (Visconti, Antonioni) et par la brillante génération des années 40 (Fellini, Pasolini). Pourtant Bolognini est un réalisateur subtil, d'une grande liberté de ton et d'une ironie souvent mordante. Dans "l'héritage", outre l'excellence du casting et de la photographie, on retrouve cette veine très incisive. Il s'agira des intrigues de petites gens, pour accéder à la fortune et au pouvoir, au sein de la bourgeoisie romaine des années 1880. Les enfants d'un boulanger acariâtre (Anthony Quinn) se disputent sa fortune. Irène (Dominique Sanda, excellente), l'épouse d'un des fils, séduit un à un les membres de la famille pour se rapprocher de la fortune du père. Douceur des images contre bassesses des manigances. La crudité et la violence, travesties sous des apparences policées, trouvent dans la magnifique photographie du film (signée Ennio Guarnieri), un envers complémentaire et doucement ironique.
Ce type de film n'est pas forcément ma tasse de thé mais faut reconnaître que une fois passé la première scène qui est un peu bancale le reste un intéressant. Cette histoire d'une famille qui se déchire est prenante, une oeuvre très littéraire bien dialogué et la reconstitution est réussie.
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4,0
Publiée le 12 avril 2011
Le grand Mauro Bolognini s'appuie presque toujours sur des bases littèraires extrêmement solides! Dans cette oeuvre faste et intelligente, adaptè du roman de Gaetano (Carlo Chelli) "L'eredità Ferramonti" qu'avait grandement louè Pasolini, Bolognini transcende de nouveau le portrait psychologique et la chronique familiale pour saisir les mutations subies par la bourgeoisie dans la jeune Italie de la fin du XIXe siècle! De fait, "L'hèritage" montre l'installation d'une centralisation bureaucratique qui colonise l'èconomie règionale et modifie même le mode de vie et les mentalitès des gens! Seul ètranger à la famille romaine des Ferramonti, le gendre venu du Nord se fait en fait injurier dans la première scène qui rèunit le vieux père et ses trois enfants! L'instrument de la ruine s'appelle ici Irène, nouvelle Messaline à face d'ange incarnèe par une sublime Dominique Sanda, romaine elle aussi, qui s'introduit dans la famille pour capter la fortune en se servant des attributs de sa fèminitè! Peu à peu, tous les personnages se rèvèlent rèservant quelques bonnes surprises! Un grand film, minutieusement reconstituè (la Rome umbertienne est à tomber), bènèficiant d'une interprètation brillante (Anthony Quinn, Fabio Testi et Dominique Sanda qui reçut au Festival de Cannes 1976 un Prix d'interprètation fèminine mèritè)...
L'Héritage est un très beau film, magnifiquement interprété, très bonne reconstitution de l'époque (l'histoire commence en 1880 et se termine 1885) tant au niveau des décors que des costumes. Dominique Sanda incarne admirablement une arriviste que s'intéresse uniquement aux sous de son beau-père au point de mettre à mal toute une famille. On a plaisir à voir Anthony Quinn dans ce remarquable film. Une très belle oeuvre du fabuleux 7ème Art.