Si l’héritage était également un des thèmes de LA VIACCIA (1961), la dénonciation sociale précise et la tragédie de manquaient pas de grandeur et Claudia Cardinale y était géniale, magnifiquement belle et distanciée. Dans l’EREDITA FERAMONTI rien de tout ça. La description des turpitudes de la bourgeoisie face à l’argent généré par la mutation provoquée par la main mise des pouvoirs politique et financier du nord sur le Sud et Rome, mène à une galerie de personnages plus vénaux les uns que les autres, avec pour morale que tout arriviste finit par trouver encore pire que soi. Dominique Sanda interprète une « angélique » petite bourgeoise qui flaire le bon coup en épousant le raté d’une fratrie élevée dans la valeur de l’argent à tout prix par un père qui les a reniés.
Faisant don de son corps aux mâles de la famille, elle abusera jusqu’à l’intransigeant paternel (Anthony Quinn tour à tour odieux et touchant), qui mourra heureux dans l’illusion d’avoir été aimé, mais dépouillé de sa fortune à l’insu de son plein gré. Tout cela pour le plus grand bien d’un couple d’ordures hors normes, les Furlin (Adriana Asti et Paolo Bonacelli).
Réalisé et interprété avec beaucoup de classe l’EREDITA FERAMONTI offre une soigneuse reconstitution de l’époque, avec les décors somptueux de Luigi Scaccianoce et Bruno Cesari, ainsi que les costumes de Gabriella Pescucci, magnifiée par un mise en image très picturale d’Ennio Guarnieri, qui renforce, par contraste, la sécheresse d’un propos accablant, où chaque étape est juste plus nauséabonde que la précédente. Un des films les plus sinistres de Mauro Bolognini.