La saga initiée par Clive Barker traverse l'Atlantique, et perd peu à peu son identité originelle. Barker n'est plus que producteur exécutif (en réalité, il a été vaguement impliqué en post-production). Et la plupart de ceux qui ont travaillé sur les deux premiers volets ne sont plus là.
L'intrigue se rattache très artificiellement au deuxième volet, puisqu'il est question d'une statue (le pilier des âmes) aperçue à la fin de celui-ci. Qui permettra de faire revenir Pinhead. Sauf que l'on nous apprend que le chef des cénobites a éclaté en deux. Son âme humaine erre dans l'univers des rêves. Son âme de cénobite assoiffé de chair espère bien être libérée de toutes règles, et semer le chaos sur Terre.
Traduction : pour combler le public américain, toute l'ambiguïté est levée. Pinhead n'est plus le justicier de l'Enfer, punissant ou tentant les humains les plus salaces. Il est devenu un méchant générique de film d'horreur, juste bon à aligner le compteur de morts... et à transformer le premier venu en cénobite (c'est la crise de l'emploi en Enfer, maintenant ils recrutent n'importe qui ?).
L'histoire s'avèrera ainsi assez simple, voire idiote par moment. Tandis que les dialogues ne volent pas très hauts. Et les acteurs sont dans l'ensemble très moyens. Peu étonnant que certains n'ont/n'auront pas de grande carrière derrière. En tête, Kevin Bernhardt, une cigarette greffée à la bouche, assez mauvais en gérant filou de boîte de nuit... et poursuivra sa carrière comme scénariste. Bref, Doug Bradley surnage sans mal.
Il reste néanmoins quelques décors et designs sympathiques : les nouveaux cénobites, bien que totalement gratuits, sont amusants. Ou plusieurs scènes qui, même si elles trahissent l'esprit originel, font leur petit effet. Notamment le massacre dans la boîte de nuit.
Et puis une compilation de chansons hard rock alléchante (Motörhead, Triumph...). Pour l'anecdote, il était prévu que la musique du film soit également du rock. Mais à la suite de projections tests mal reçues, le compositeur Randy Miller fut embauché en catastrophe. Pour intégrer les thèmes de Christopher Young, et les faire enregistrer par un orchestre russe (!). Ce qui explique que la BO symphonique soit souvent en décalage relatif avec le film.
"Hellraiser III" n'est donc pas honteux, mais vraiment pas glorieux non plus. Enfin, ça reste très relatif, comparé aux navets que cette franchise nous pondra...