Présenté au Festival de Toronto en 2004, Bombon el perro a décroché la même année le Prix de la critique internationale à San Sebastian, ainsi que la Montgolfière d'argent et le Prix d'interprétation masculine (pour Juan Villegas ) au Festival des 3 continents. En Argentine, il a par ailleurs obtenu en 2005 le Prix de la critique, ainsi que 7 nominations aux Condor de Plata (équivalent des César).
Le cinéaste précise ses intentions concernant ce quatrième long métrage : "Bombon el perro s'inscrit dans la continuité de mon précédent film Historias minimas. J'ai en effet repris des personnages simples, traités de façon minimaliste et interprétés par des non-acteurs (...) En réalité, les personnages simples n'existent pas : l'univers intérieur du paysan le plus humble est aussi insondable que celui du professeur de philosophie. La seule différence est que ce dernier réfléchit et communique essentiellement par la parole alors que le premier, plus élémentaire, le fait à travers des gestes et des silences. J'ai toujours préféré le gestuel au textuel au cinéma. Un regard, un silence, un imperceptible rictus deviné sur un gros plan, exprime bien davantage que toutes les rhétoriques. Et c'est ce qui se produit avec les personnages "simples" : il faut lire dans les yeux. Je crois que c'est là que le cinéma assume le grand héritage de la peinture."
La plupart des comédiens de Bombon el perro sont des non-professionnels (et leurs personnages portent le même prénom qu'eux), même si certains sont déjà apparus dans le précédent long métrage de Carlos Sorin, Historias minimas. Juan Villegas, le héros du film, travaille comme gardien d'un parking situé à proximité de la maison de production de Sorin. Walter Donado, qui incarne l'associé haut en couleurs de Juan, est un ancien combattant de la Guerre des Malouines, qui s'est spécialisé dans la recherche d'animaux pour les tournages et les spectacles. On retrouve également au casting un professeur de collège, un éleveur de moutons, un animateur de bals, ainsi que plusieurs collaborateurs de Sorin, comme le distributeur Pascual Condito.
Baptisé dans le film "Le chien" (en français dans le texte...) puis Bombon, le dogue argentin s'appelle en réalité Gregorio. Comme le personnage, il a remporté de nombreux tromphées dans des expositions canines.
A propos de la frontière entre documentaire et fiction, Carlos Sorin explique : "En règle générale, je suis plutôt attiré par la réalité que par la fiction, je penche davantage du côté de la biographie que vers le roman. Le travail avec des gens réels, des lieux réels et de l'éclairage réel permet, à mon sens, d'atténuer la manipulation et la tromperie qu'implique inévitablement le cinéma (...) Une des choses qui m'a toujours attiré dans le documentaire -et spécialement dans les dramatiques images de guerre- c'est que rien ni personne n'y prétend être ce qu'il n'est pas. Cela souligne le poids du réel. Je me suis demandé s'il était possible de raconter une histoire de fiction qui, telle les vieilles couvertures que faisait ma grand-mère avec des bouts de différents tissus, puisse être racontée avec des bouts de réalité, de vérité. Où ceux que l'on voit "sont" et "ne prétendent pas être"."
A propos de la proximité des comédiens avec les personnages qu'ils incarnent, le réalisateur précise : "Les interprètes de Bombon el perro sont strictement pareils que les personnages. Pas sur le plan anecdotique -ils exercent d'autres métiers et vivent ailleurs- mais dans l'essentiel, dans l'âme. L'idée était de faire surgir de cette superposition des instants de vérité. Un exemple seulement : l'intensité et la vérité qui se lisent sur le visage de Juan Villegas-personnage lorsque 400 personnes l'applaudissent pour avoir remporté un trophée à l'exposition canine, après les vingt années de sa vie passées dans la solitude d'une station service sur une route paumée. Parce que c'est le même visage de Juan Villegas-personne qui, dans ce même instant, est applaudi par 400 figurants, après avoir vécu ses vingt dernières années à garer des voitures dans la solitude d'un parking. La situation est différente, mais le sentiment est le même."
Le réalisateur Carlos Sorin est depuis longtemps un amoureux des chiens : dans Historias minimas, son précédent long métrage, autour des destins croisés de trois personnages en Patagonie (région où se situe également l'action de Bombon), l'un des protagonistes partait à la recherche de son chien disparu...
La musique du film a été composée par Nicolas Sorin, qui n'est autre que le fils du réalisateur. Il avait déjà travaillé sur Historias minimas.