Drame biographique, coécrit et réalisé par Christian de Chalonge, Docteur Petiot est un très bon film adaptant sur grand écran l'une des plus grandes affaires criminelles françaises de l'après-guerre. L'histoire relate la vie de Marcel Petiot, un médecin français qui fut l'un des pires tueur en série pendant l'Occupation, accusé d'avoir attiré, assassiné, puis brulé de nombreuses personnes, essentiellement des juifs, tentant de fuir les persécutions nazis et à qui il promettait de leur faire quitter la France pour une vie meilleur ailleurs. Ce scénario est franchement prenant à visionner pendant toute sa durée d'un peu plus d'une heure et demie. En effet, le parcours criminel de cet homme de confiance fait froid dans le dos tant il est pervers et a commis des atrocités innommables entre 1941 et 1944. Des faits funèbres traités avec finesse à travers des scènes judicieuses ne montrant que le nécessaire, sans tomber dans le sensationnalisme et le voyeurisme. Des séquences étonnamment parfois un peu théâtrales. Il faut dire que le ton est assez déconcertant puisque ce récit sordide est tourné comme une espèce de comédie noire à l'ambiance changeante, tantôt horrifique et inquiétante, tantôt légère et limite comique. Une ambiance ambivalente à l'image de cet homme aux deux visages, bien sous tous rapports, sympathique, agréable et arrangeant avec ses patients pour lesquels il est aux petits soins. Un docteur un peu étrange, jouant avec l'espoir de ses victimes, parfaitement incarné par Michel Serrault dans le rôle-titre, malgré une ressemblance physique peu évidente avec le véritable meurtrier. Le reste de la distribution comporte entre autre Pierre Romans, Zbigniew Horoks, Bérangère Bonvoisin, Olivier Saladin, André Julien ou encore Nini Crépon. Tous ces individus entretiennent des rapports basés sur la confiance placée à tort envers le professionnel de santé. Des échanges soutenus par de bons dialogues. Sur la forme, la réalisation du cinéaste français se veut sobre mais efficace. En effet, sa mise en scène est minutieuse et maitrisée, offrant des plans superbement cadrés, magnifiés par des décors très bien mis en valeur, dont le cabinet macabre où ont lieux les crimes. De plus, l'époque est très bien retranscrite à l'écran. Ce visuel à la photographie soignée est accompagné par une très bonne b.o. signée Michel Portal. Ses compositions éclectiques, entre notes menaçantes et airs plus guillerets, collent à merveille au propos. Surtout, ses partitions ont un impact sur les images et renforcent considérablement l'atmosphère. Cette succession de consultations mortelles s'achève sur une fin intelligente et marquante, venant mettre un terme à Docteur Petiot, qui, en conclusion, est un long-métrage aussi intéressant que divertissant grâce à son ton à double tranchant faisant de lui un film méritant d'être visionné.