Planant. Oh oui, ce film est planant, mais je n'ai pas compris qu'il l'était du premier coup. Et aujourd'hui, à l'occasion d'une diffusion sur le cable, j'ai pu redécouvrir Sailor et Lula et réaliser à quel point je devais être endormie ou ailleurs la première fois que je l'ai vu pour ne pas en avoir gardé un souvenir impérissable. Car c'est bien le genre de film dont les images restent en tête. Avec Sailor et Lula je crois que Lynch a tout bonnement créé le couple le plus sensuel, le plus passionnel, le plus brûlant, du cinéma. Laura Dern et Nicolas Cage sont plus magnétiques que des aimants, ils dégagent une aura absolument incroyable. Leur jeu, très langoureux et rock'n'roll se combine à ravir avec la BO extrêmement puissante (le king, Chris Isaak...) du film. Wild at heart (choix de titre anglophone parfait d'ailleurs) est vraiment de ces films qui captivent, qui prennent au ventre, où le temps se suspend... L'unité sensationnelle de ce couple suintant, qui brûle comme les bougies, est renforcée par l'univers hostile dans lequel ils évoluent. Toutes ces gueules de morts (mention spéciale à Dafoe et Rossellini), ces têtes cassées et improbables, cette ambiance parfois limite foraine autour de laquelle ils gravitent ne fait que les sublimer, eux deux, dans leur union inébranlable. L'ambiance est tout simplement unique, planante, transcendante, fascinante. La scène de fin (à partir de l'arrivée de Sailor à la gare) est un monument de cinéma à elle toute seule. Elle est d'abord incroyablement dure puis ensuite extraordinairement douce, elle plaque littéralement le spectateur à son fauteuil. L'apparition de cette fée aurait pu paraître complètement hors sujet et déplacée, mais non, Lynch s'y prend de manière à ce qu'elle soit hyptonisante si bien que l'on se rend à peine compte du ridicule de la scène. Finir sur Love me tender est une idée magnifique. Vous vous rendez compte ? Le film se termine et vous avez l'impression qu'il vient juste de commencer... Incroyable.