Sailor et Lula est un film incisif, corrosif, excessif, qui ne plaira clairement pas à tout le monde, mais il ne faut pas noter le film sur cela, pour être objectif. Lynch nous livre là une œuvre avec d’indéniables qualités, au premier rang desquelles je place le casting, et, en tête, le duo star, Cage-Dern. Celui-ci fonctionne à merveille, et les deux acteurs collent parfaitement à leurs rôles. Cage est un bad boy né, et il n’est jamais meilleur que dans les rôles un peu dingue comme celui-ci. Totalement investi, il est déjanté à souhait et livre une prestation mémorable. En face de lui, Laura Dern est sexy en diable, et a un coté femme fatale totalement réjouissant. A des années lumières de son rôle dans Jurassik Park en somme. Autour de ces deux là, gravitent quantité de seconds rôles truculents pour la plupart, dans l’ensemble très bien interprétés (Dafoe notamment, dans un rôle bien louche dont il a le secret). Coté scénario, ce film est plus accessible que d’autres Lynch, et ressemble à un road-movie sombre et violent, traversé de pointes d’humour noir, de scènes surréalistes, mêlant décadence, débauche, perversité sans pour autant se départir tout du long de la lueur d’espoir qu’est l’amour entre Sailor et Lula. Au premier plan, l’histoire est assez vaine, mais comme souvent chez le réalisateur, une situation initiale et en fait destinée à creuser les personnages, à creuser des univers, à travailler sur les émotions, les sentiments poussés dans leurs extrêmes limites. De ce coté là Lynch livre un travail indéniablement abouti. C’est aussi le cas du coté de la mise en scène. Sailor et Lula est un film de ce point de vue, sans reproche, à condition d’aimer l’atmosphère excessive du métrage, dont la mise en scène, par de nombreux effets de styles, ses plans, ses cadrages, ce fait l’écho. Cela transparait moins dans les décors (caractéristique du road movie américain). Par contre Sailor et Lula est traversé de séquences parfois ultra-violentes (au début notamment il y a une bonne scène qui convaincra ou non le spectateur de continuer le visionnage !), de scènes de sexe (soft tout de même !), et de passages un peu excessifs qui pour ma part frise parfois le ridicule (une séquence avec Dern et Dafoe est longue et pas terrible).
Au final Lynch ne livre probablement pas son meilleur film, mais Sailor et Lula, objectivement tient la route, et que l’on aime ou pas son style, très particulier, il est de qualité.