Il me semble intéressant de comprendre pourquoi Lynch réussit à faire des films barrés et étranges là où d'autres échouent totalement. C'est qu'il arrive à faire des films simples sur la forme, que l'on peut suivre (plus que Lost Highway en tous cas, où il faut juste ne pas chercher à comprendre et se laisser porter), mais où tout est tellement barré, décalé, qu'on est pris dans une folie furieuse, sulfureuse, dont on ne sait pas trop quoi penser. Tout le film est comme ça. Dès le début tout est barré, taré, ça crie, le sang gicle, on ne sait pas où on est mais on y est et on le suit ce couple. On se permet du sexe, de la violence, et finalement c'est comme dans Blue Velvet, le mode (les usa) est taré, c'est rare de voir un film où tous les personnages sont aussi fous, sex-addicts, crient autant. Mention spéciale à Willem Dafoe, qui a un rôle juste énorme. C'est vraiment un rôle sur la folie, la folie du monde et l'envie de se défendre contre lui. Ça fait plus que plaisir de revoir Laura Dern enfin sur le devant de la scène, elle m'avait déjà bien plu dans Blue Velvet, et surtout Nicolas Cage, à l'époque où il avait de bon rôles et était dirigé par de bon réalisateurs. J'aime beaucoup toutes les petites scènes de folie, de danse très énergiques, parfois hypnotisantes, comme lorsque Dafoe vient "embêter" Lula et répète "fuck me" à l'infini (beau programme). Ce n'est pas aussi labyrinthique que Lost Highway, peut-être plus accessible (bien que je ne trouve pas qu'il faille surinterpréter ses films, au contraire), mais plus romanesque, plus fou, tout est fou, et c'est toujours mis en scène avec soin. La fin est géniale, Lynch se permet tout, tous les retournements improbables, cette fin donne un sentiment de liberté et de n'importe quoi complètement réjouissant, mais maîtrisé, ça n'est pas maladroit où n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe froide. Pour résumer, c'est à voir.