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    Tous les biens de la terre
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    5 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 21 septembre 2014
    Relatant les mésaventures d'un fermier dans le New Hampshire, Il s'agit presque de propagande républicaine et en tous cas américaine. Pourtant il y a des contradictions entre certains déclarations des protagonistes notamment dans la scène finale. Ce qui rend le film fort intéressant et en fait en réalité un témoignage de l'âme américaine torturée, déjà dans les années 30. N'oublions pas que film se situe juste après la fin des illusions des Roaring Twenties et après le krach de 1929. Les USA ont besoin de confiance et d'un bouc émissaire. Ici Daniel Webster en preux sénateur et le diable. Ce dernier lui promet d'ailleurs qu'il ne sera jamais président des Etats-Unis. Prophétie qui atteste son pouvoir ou nouveau défi pour celui que le film nomme Black Daniel ? Difficile à dire. Un film curieux, un regard vieillot mais instructif sur la vision du diable américaine.
    Caine78
    Caine78

    6 798 abonnés 7 398 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 février 2012
    Dommage que le rythme soit en définitive si inégal... Car je dois l'avouer : je me suis parfois un peu ennuyé devant « The Devil and Daniel Webster », dont la tendance à blablater prend trop souvent le pas sur l'action. Néanmoins, lorsque Dieterle se donne la peine de raconter une histoire, il le fait bien : car cette réécriture moderne du mythe de « Faust » a beau ne pas être une réussite totale, elle n'en a pas moins plusieurs qualités. D'abord l'interprétation : Walter Huston est ainsi absolument génial en envoyé du Diable malin et charismatique, tandis que Simone Simon nous livre un numéro de sensualité dont elle a le secret. Et puis, même si elle n'est traitée qu'à moitié, avoir une bonne histoire et de bonnes idées, cela paye toujours. J'ai de ce fait beaucoup apprécié la manière dont le réalisateur dépeint l'Amérique du 19ème siècle ainsi que l'extrême pauvreté la caractérisant, et ce tout en nous proposant de purs moments de fantastique (le procès final est à ce titre une superbe scène) que le cinéma ne nous offre hélas que trop rarement. Si bien qu'à défaut d'avoir été totalement conquis, j'ai toutefois pris un certain plaisir à suivre cette réécriture de Goethe fidèle à l'auteur allemand tout en restant personnel et pertinente dans son traitement : « The Devil and Daniel Webster » vaut le coup d'oeil.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 200 abonnés 4 185 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 septembre 2012
    Une variation sur le mythe de Faust par le bien nommé William Dieterle qui était en qualité d’acteur de l'aventure du « Faust » de Murnau en 1927. Avec Dieterle, spécialiste des biographies romancées depuis son arrivée à Hollywood, on est loin du baroque éthéré de René Clair. C'est dans le monde rural que le pacte se noue pour 7 ans, allusion à peine masquée aux contrats hollywoodiens qui liaient les acteurs et les réalisateurs aux nababs. On sait que Dieterle cinéaste de la vieille Europe a comme beaucoup souffert de la production à la chaine imposée par le système des studios qui ne laissait pas libre cours à sa volonté créatrice. Sur ce film il s’improvise donc producteur afin de s'autoriser une plus grande marge de manœuvre. C’est l’occasion pour lui de revenir sur des thèmes qui lui sont chers comme la rédemption et l’attachement aux valeurs collectives. Tout ceci est évoqué dans la seconde partie où un procés en présence des puissances célestes est organisé pour savoir si l’âme du héros peut être rachetée. C’est Daniel Webster lui-même sénateur de son état et futur présidentiable qui défend le coupable en rappelant les valeurs qui ont uni le destin de la communauté des migrants venus se construire un avenir sur le nouveau continent. Tout ceci est un peu manichéen et peut tendre à démontrer qu’il est difficile de sortir de sa classe sociale sans se salir les mains et qu’il vaut donc mieux que le petit peuple reste à sa place. Un film un peu rigoriste heureusement illuminé par la truculence de Walter Huston et la bonhommie d’Edward Arnold.
    Jean-François S
    Jean-François S

    54 abonnés 668 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 27 octobre 2010
    Adaptation de Faust dans les campagnes américaines. Un film interessant, mais un peu trop imprégné de patriotisme américain primaire.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 5 décembre 2018
    William Dieterle, réalisateur "légitimement" oublié, n'avait alors fait à Hollywood que quelques films assez classiques dans leur mise en scène mais bien éloignés de l'imagerie américaine, ce qui lui a permis une expérimentation esthétique intéressante : la trilogie de biopics avec Paul Muni (qui gagnera l'oscar en 1938 pour The Life of Emile Zola) sur Louis Pasteur (1936), Emile Zola (1937), et Benite Puablo Juarez (1939) ; une adaptation de William Shakespeare (A Midsummer Night's Dream, 1935) coréalisée avec Max Reinhardt, haute en couleur par ses décors et son casting (Cagney, Powell, de Havilland) ; une autre de Victor Hugo avec Charles Laughton et Maureen O'Hara dans The Hunchback of Notre Dame (1939), très sensuelle et épique. Ces quelques films laissent également percevoir l'humanisme du réalisateur allemand qui a abordé des thèmes comme la liberté de la presse, la Guerre d'Espagne (Blocus, 1938), l'affaire Dreyfus (en pleine période nazi, le film sera d'ailleurs censuré en France jusqu'en 1952), ou encore l'homosexualité (Eschlecht in Fesseln, 1928) quand il n'était pas encore exilé à Hollywood. La suite de sa carrière s'avère très pauvre, compte tenu de ses prises de positions ; dans cette période de maccarthysme, les studios ne feront appel à lui que pour des films sans grand intérêt. Son ami Bertolt Brecht dira de lui que tous ses films étaient "un acte de courage". William Dieterle adaptera la nouvelle de 1936 The Devil and Daniel Webster (variation sur le mythe de Faust, Dieterle ayant d'ailleurs joué dans le film de Murnau) avec sa propre maison de production, ce qui lui permettra de montrer tout son talent et de nous offrir un des films hollywoodiens les plus atypiques de la période classique. Distribué par la RKO, juste après l'échec commercial de leur film Citizen Kane (le compositeur Bernard Herrmann et le monteur Robert Wise travailleront également sur le film de Dieterle), le film fera subir le même sort au studio ; Dieterle en sortira ruiné. La singularité du film (dans ce contexte hollywoodien) est évidemment de jouer avec les genres : c'est un film fantastique, un drame social, un conte moral, le tout faisant appel à des éléments de la mythologies américaine. On y retrouve Daniel Webster, homme politique de la première moitié du XIXe siècle, connu pour être un grand orateur "capable de jouer avec le diable" ; ou encore Benedict Arnold, grand traître lors de la Guerre d'Indépendance. Le propos n'échappe pas à la politique de l'époque qui attend des réalisateurs qu'ils illustrent la grandeur de l'Amérique. Ainsi, la parole de l'orateur Daniel Webster, lors du procès, défendra les valeurs américaines et ses fondements. Sur plusieurs points on peut penser à There will be blood. La collectivité mise à l'épreuve par l'entrepreneuriat. Chez Paul Thomas Anderson, le personnage de Daniel Plainview est déjà misanthrope, la richesse lui permet seulement de vivre sans se soucier des hommes. Chez Dieterle, Jabez, par son opportunisme, s'éloigne des siens et participe volontairement à leur malheur ; le diable est une personnification du capitalisme, et Jabez en est une des victimes. Dans un autre registre, il est intéressant de constater que le jeu de Walter Huston, incarnant le diable, préfigure celui de Daniel Day Lewis (on peut y voir une incarnation du diable également, en gardant le point de vue de la nouvelle). Les deux acteurs se ressemblant (ils ont tous les deux joué Lincoln) mais ont également un jeu très exagéré dans la diction et les expressions du visage. Walter Huston, comédien génial, donc forcément rare, qui signe ici une des performances les plus modernes du cinéma classique hollywoodien. Si ce n'est pas le personnage principal, il s'impose dans l'espace à chaque apparition, et c'est bien à lui qu'on pensera en se remémorant le film. Il est intéressant aussi de noter son rôle d'antithèse dans le discours de Daniel Webster. Quand ce dernier défend Jabez en lui disant qu'aucun homme ne peut être réduit à l'état d'objet par un étranger, le diable lui répond ironiquement qu'il était là lors des massacres commis aux amérindiens, qu'il était là quand les premiers négriers sont partis d'Afrique, qu'il est donc bien américain. Ce film très américain dans son sujet est pourtant sur la forme l'un des plus en marge de la production hollywoodienne de l'époque. La situation initiale reste dans un registre de film social typique des films rooseveltiens (le récit se déroule dans la première partie du XIXe siècle mais fait échos à la Grande Dépression dont sort tout juste l'Amérique) - rappelant le début du Magicien d'Oz pastichant les films sociaux de la Warner -, mais dès l'apparition de Mr Scratch (le diable), le film prend une autre tournure, et annonce l'esthétique très européenne de la suite du film. Même si le film oscille entre problématiques sociales et conte fantastique, l'influence de l'expressionnisme allemand et du cinéma scandinave se ressent autant que l'esthétique hollywoodienne. On sera marqué par l'apparition de la fille du diable (jouée par Simone Simon, qui préférera jouer avec Dieterle plutôt qu'avec Renoir), la danse des morts, l'entrée en scène des damnés lors du procès. La musique de Bernard Herrmann (futur compositeur de Psychose) appuie parfaitement cette atmosphère fantastique et la présence de Walter Huston fait grincer le film par ses répliques sarcastiques démontant la grandeur de l'Amérique.
    Un film qui prouve que le cinéma classique hollywoodien aurait pu être tout autre chose si on avait laissé les réalisateurs être des auteurs.

    "L'or de l'Oncle Sam - sans vouloir manquer de respect au digne vieux monsieur - est sous ce rapport semblable à l'or du diable : celui qui le touche doit prendre bien garde ou il pourrait lui en coûter, sinon son âme, du moins nombre de ses meilleures qualités : sa force, son énergie, sa persévérance, sa loyauté - enfin, tout ce qui donne du relief à un caractère viril."
    Nathaniel HAWTHORNE, prologue de La Lettre écarlate (1850)
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