En 1977, le premier volet de Star Wars voit le jour et c’est un tollé général. A tel point que de nombreux studios y vont de leur film de science-fiction afin de voguer sur la mouvance et de faire des bénéfices. C’est dans ce contexte qu’apparaît en 1979 (année qui verra d’ailleurs la naissance du premier Alien), Le Trou Noir réalisé par un inconnu et produit par Disney, studio de divertissements tout public, connu pour ses budgets faramineux et qui se mord les doigts de ne pas avoir produit le film de George Lucas. Pas moins de 20 000 000 $ ont été alloué pour ce film. Mais la réussite d’un film n’est pas seulement qu’une histoire de gros sous, mais dépend aussi de savoir-faire et de patience. En effet, le film galactique de Disney prouve qu’il a été complètement bâclé malgré les moyens dont il bénéficiait.
Pourtant, le film s’ouvre sur un joli et vertigineux générique en image de synthèse, enjolivé par une musique envoutante de John Barry. Mais dès les scènes de dialogues, c’est la catastrophe. On atteint un niveau de niaiserie et de bêtise assez rare. Le casting est composé de têtes d’affiche délavés et même Anthony Perkins ni Maximilian Schell ne font rien à l’affaire. Ils font preuve d’un jeu issu d’un autre temps du cinéma. On retrouve d’ailleurs tous les profils types : le scientifique pragmatique mais fasciné par les découvertes du docteur fou, la jolie blonde toute mignonette et toute inutile, le peureux et casse-couille de service, le beau-gosse héroïque et enfin le robot V.I.N.C.E.N.T., ersatz d’un R2D2 en carton plastifié et au dictons ironiques insupportables.
Pour sublimer cette combinaison de bras cassés, le film est pourvu d’effets spéciaux dépassés et faits avec les pieds : le vaisseau semble être un triste recyclage de la Tour Eiffel, les robots semblent tous souffrir d’hémorroïdes et V.I.N.C.E.N.T. ne doit son système d’anti-gravité qu’à l’utilisation d’un joli fil visible à l’écran. Le scénario est proche du néant et bourré d’incohérences. Ce que l’on attend dès le début du film n’arrive qu’à la toute fin, dans les cinq dernières minutes. Et quelle n’est pas notre frustration, lorsque l’on s’aperçoit que la dernière séquence est une pâle copie du final de 2001 de Kubrick. Tout le reste n’est que dialogues et promenades dans le vaisseau… De plus, que George Méliès en 1902 montre des astronomes s’envoler sur la Lune à l’aide d’un obus est génial, mais montrer en 1979 des gens se balader à l’extérieur d’un vaisseau sans combinaison est à la limite de l’acceptable. C’est ici l’incohérence la plus remarquable, mais malheureusement ce n’est pas un cas isolé.
Cependant, Le Trou Noir nous fait percevoir une once de potentiel. Notamment, le pitch qui est plutôt alléchant, un vaisseau fantôme retrouvé aux abords d’un trou noir, qui d’ailleurs nous offre quelques images et matte painting assez spectaculaires, tout comme certains décors assez séduisants. La musique de John Barry est assez exceptionnelle et peut fièrement se placer aux côtés des BO de Star Wars et de Strak Trek. Mais cela ne suffit pas à sauver un film mort dans l’œuf. Même les souvenirs d’enfance ne parviennent pas à nous rendre nostalgique et à apprécier cette sombre blague.