Petite précision : Je ne suis pas prof de collège, je ne corrige pas une copie, je ne peux pas me permettre de "noter" des mois des travail en 5 minutes sur un coin de table... mais comme Allociné m'oblige à mettre une étoile...
"Le Pressentiment" n'est pas un film inregardable; à la télé un dimanche soir, on peut même peut-être l'apprécier. Mais au cinéma, je pense qu'on peut s'en passer : sans être tout à fait une caricature de film français, Le Pressentiment confond une fois de plus dépression et existentialisme : un personnage à la dérive qui se regarde complaisament sombrer, ça s'appelle la dépression, pas de quoi se prendre pour un poète incompris et torturé, et surtout, pas de quoi donner des leçons au monde. Car c'est le second problème de ce film : comme tous les films qui essaient de faire passer un message "moral" (càd les 3/4 des films), il est "sociologique" : les personnages n'existent pas en tant que tels, il n'y a que des produits d'un milieu social, caricaturés si possible pour bien qu'on comprenne la démonstration. La démonstration en question est confondante de naïveté et ne doit émerveiller que les bourgeois qui, n'ayant jamais vu de vrai pauvre, fantasment les milieux prolos : "chaque milieux social a sa culture et sa logique". La belle affaire! Un grand bourgeois qui décide de se retirer chez les prolos, quelle transgression! C'est surtout une occasion de plus pour aligner des clichés sur les pauvres, lorsque les riches les regardent : nécessairement désespérés, fatigués, ralentis, les pauvres vivent nécessairement dans la misère sociale (ce qui n'a pourtant rien à voir avec la pauvreté), méritent la compassion, méritent qu'on les aide, et a fortiori s'ils satisfont aux critères esthétiques bourgeois : à la fin, le héros "sauve" deux femmes de la "misère", parce qu'elles ont la grace et méritent ce "salut". Ce film très moyennement réalisé transpire une fois de plus la morale bourgeoise, et n'est sauvé que par la bonne prestation de Darroussin