Les années passent, les films aussi hélas, et pourtant Danièle Thomspon, papesse du cinéma parigot-bobo, se sent toujours obligée d'ajouter régulièrement un nouvel méfait dans sa longue liste de laxatifs cinématographique qui là encore ne plaira qu'aux reclus pseudo-intellos des avenues chic de Paris. Passé le titre du film qui joue comme à chaque fois le rôle de métaphore foireuse du fond, on se retrouve devant un pseudo Amélie Poulain dans les beaux quartiers où Cécile de France campe la campagnarde midinette, naïve, un rien bonne fée magique qui s'en va illuminer le quotidien d'une bande d'artistes en pleine crise identitaire : Brasseur qui revend toute sa collection sur un coup de tête au grand dam de son fils, Valérie Lemercier qui tourne dans une sitcom d'un grotesque tellement navrant qu'il n'en est même pas drôle ou encore Dupontel, pianiste en plein questionnement, le seul qui semble tirer son épingle du jeu. Un casting choral, comme la réalisatrice a coutume de convoquer (et dans les poches duquel file généralement l'essentiel du budget du film) afin d'être sûre que son film attirera un minimum de monde. Enlevez le tout (ce qui n'est déjà pas grand chose), il reste un grand vide.
On passera naturellement, et c'est là la marque de fabrique de Danièle Thompson qui vit depuis maintenant bien trop longtemps dans sa Tour d'Ivoire estampillée Carré Hermès, sur cette insupportable et véritablement ridicule vision de carte postale de Paris, toujours décrite comme l'eldorado du luxe et du raffinement, la ville Lumière d'une propreté impeccable à laquelle se résume la France, en dehors de laquelle n'existe visiblement aucune forme de civilisation cultivée et artistique, et qui, présageant la maxime de Macron à venir, permet même à une provinciale anonyme et banale de trouver un boulot en traversant la rue Montaigne.
Reste le film en lui-même, déballage d'états d'âmes et de bons mots, successions d'aphorismes et de métaphores de comptoir le tout naturellement respirant les poncifs les plus éculés qui soient. On n'y croit pas une seconde, on se fout des personnages, on se fait chier de long en large et pire que tout, et c'est hélas le souci de toute la filmographie de la réalisatrice, on se sent en total décalage pour ne pas dire totalement déconnecté de son univers de pacotille qui, quand il ne nous paraît pas irréaliste, en devient grotesque. Le pire étant qu'elle y croit dur comme fer, qu'elle tente de jouer la carte de cette "fantaisie parisienne" propre à Jeunet, le talent en moins, le bling bling en plus. Bien sûr, le résultat nous paraît extraordinairement crédule pour ne pas dire complètement con. Là où Jeunet a su tisser un univers unique, fantaisiste et inspiré sans artifices ridicules ou ficelles grotesques, Thompson se contente d'avoir la créativité et l'humour d'une parigot névrosée.
Malheureusement une erreur culturelle lui a permis de se faire un nom et de continuer à nous abreuver de ses horreurs sur grand écran pendant que des réalisateurs proposant de sortir un peu des sentiers battus et d'aborder d'autres univers (en dehors de Paris notamment...) et d'autres thèmes (différents des sempiternels états d'âmes d'une bande de bourges dépressifs dont elle nous nourrit depuis trop longtemps) restent dans un injuste anonymat car pas conformes aux critères d'exigence d'une intelligentia qui a porté la fadeur et la médiocrité au rang de vertu cardinale. Et le cinéma français de geindre que son public se reporte sur les productions étrangères. On dit que le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre et pourtant le père de Daniel Thompson savait nous faire rire, LUI. On souhaite donc à la fille que sa retraite cinématographique survienne très vite afin que l'on puisse enfin s'épargner un autre film où l'héroïne regardera en soupirant de bonheur la tour Eiffel depuis les toits garanti 100% sans chiures de pigeons et sans tags d'un Paris de conte de fées.
Non sérieusement, à un moment donné Danièle fout le nez hors des beaux quartiers, des grands magasins et des lieux de culture, t'as vraiment besoin de sortir de ton univers de bourge et de te rendre compte que le monde est bien plus complexe que les atermoiements de ta cohorte de mondains.