Un cinéma pur, brut, authentique, jamais larmoyant et dénonciateur, qui ne joue avec aucune émotion, qui ne triche pas et qui se contente de mettre en scène des personnages insaisissables, complexes, avec une histoire sociale et avant tout humaine touchante, qui amène un certain nombre de réflexions sur l’irresponsabilité et la responsabilité (de soi, des autres), la précarité, le pardon, la rédemption, le pouvoir malheureux de l’argent et des dérives qu'il engendre, les conséquences de nos actes… Jérémie Renier interprète talentueusement le rôle d’un troublant jeune homme en phase avec ses responsabilités qu’ils fuient, qu’ils ne veut pas voir et puis la prise de conscience (fragile) l’emporte et amène une sagesse, une remise en question sur la futilité de sa vie, du gouffre qui le guette ainsi que de l’amour qu’il est capable de transmettre, de la bonté humaine qu‘il n‘exploite qu‘à moitié. Déborah François est remarquable dans ce rôle de femme-enfant, véritable source d’équilibre du film, tout en retenue, juste, à la fois discrète et puissante. L’ENFANT, œuvre des frères Dardenne, auréolée de la Palme d’Or en 2005, est le fruit d’un talent en or mis au service d’une caméra sensible, d’une mise en scène fluide et simple, d’une vision du cinéma qu’on ne peut qu’admirer tant il est irréprochable, beau, juste et prenant. Magistral.