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Un visiteur
2,0
Publiée le 29 avril 2010
J'ai décidément du mal avec le cinéma made in Dardenne. Une telle lenteur clinique est assez difficile, je trouve, à appréhender au cinéma. Néanmoins, les acteurs sont excellents et l'histoire, vraiment attachante. Dommage que les Dardenne peinent autant à mettre du rythme dans leurs films.
"Faut vous dire, monsieur / Que chez ces gens-là / On pense pas, monsieur / On pense pas / On compte." Cest à ces paroles de Jacques Brel que font penser Bruno, le personnage incarné par Jérémie Rénier, et lunivers dans lequel il vit. Un monde où tout, absolument tout, se monnaye. Et donc, pourquoi pas un bébé ? Mais là, Bruno se heurte à lamour maternel de sa copine. Télescopage de deux logiques sur lequel repose tout le film. On ne peut quadmirer la simplicité, et pourtant la pertinence, de cette idée. Et même si on a parfois limpression que le film patine ou sécarte du sujet, son message reste fort et intéressant. On admirera, comme toujours, le très haut niveau de la mise en scène (y compris dans les scènes de poursuite en scooter !), qui comprend aussi le travail remarquable de direction dacteur. On aime ou on naime pas cette façon de filmer très neutre, à laquelle on peut reprocher son manque démotion, la distanciation quelle introduit avec le sujet. Mais en tout cas cest techniquement remarquable. Tout aussi formidable est le travail de caractérisation des personnages. Celui de Bruno est, à bien y réfléchir, hautement improbable. Et pourtant, on y croit ! Jamais on ne se dit que ce personnage est un délire de scénariste. Quand il abandonne son bébé dans l'appartement vide, la complexité de ses sentiments, captée par ce plan fixe sur son visage, est telle que pas un moment on ne doute de la crédibilité de la scène. Ca, cest fort ! Pour finir, deux remarques. 1/ Il est dusage de qualifier le cinéma des frères Dardenne de social. Mais la vraie misère dénoncée par les réalisateurs nest pas tant matérielle (à la différence de Rosetta, Bruno brasse assez dargent pour vivre décemment) que morale. 2/ Il existe au Cambodge (et ailleurs) des milliers de familles qui vendent leurs bébés à des Occidentaux souhaitant adopter (cf. "Holy Lola"). Quest-ce qui fait donc que ça semble plus choquant quand ce sont des jeunes Belges qui le font ?
Trop vrai dans sa description des personnages, et de la vie qui les entoure. Des acteurs formidables au service de ces personnages peu communs. Mais cette vérité rend le film plus comme un reportage mis en scène, qu'un film qui implique le spectateur. Ce dernier reste distant, et se désintéresse presque. On pourrait classer ce film dans le style documentaire de Varda ("les glaneurs et la glaneuse" ou encore "sans toit ni loi") et non cinématographique (comme il se veut) de Von Trier.