… Devant les projecteurs, Edith Piaf, ou plutôt la talentueuse Marion Cotillard, rayonne. Un timbre unique, une prestance unique, un personnage unique. Devant la caméra d'Olivier Dahan, ces deux femmes d'exception se confondent pour le plus grand plaisir de nos mirettes et nos tympans. Enfin, par plaisir des yeux je m'entends… Jouer avec les nuances d'orange tout le long c'est bien mignon mais ça contrait le film à se taper une basse luminosité durant de nombreux plans. Un film à apprécier en mode sombre donc, comme au cinéma. Mais à la maison, ce n'est pas très gai…
Déjà que les réas ont mis le paquet sur le sentimental; prod' américaine oblige, on surjoue quelques fois (au prix de perdre la dimension authentique qui doit se dégager d'un biopic) et on n'hésite pas à sortir les violons. Une triste mélodie qui suit Edith de sa plus jeune enfance en Normandie à ses derniers souffles à Grasse où la chaleur de l'orange a fait place au froid du bleu et du vert. La dimension biopic est maîtrisée avec un choix précis des informations et un datage précis, j'aime quand c'est clair et net… Ce film fait toutefois l'impasse sur la vie sentimentale de Piaf, sur nombre de ses tourments et de ses dépendances. Ce qu'on veut ici, c'est de la musique : Piaf doit briller, elle doit fasciner. Je reste tout de même sur ma faim quant au manque d'inspection de ce personnage qui avait surement des réflexions très intéressantes sur la vie (et la mort aussi, tu me diras). Cette Piaf là perce parfois via des pics à ses interlocuteurs ou dans l'interview de fin, j'aurais vraiment aimé plus la découvrir.
Chanter pour vivre ou vivre pour chanter ? Tel semble le credo de ce film, l'objectif vers lequel l'équipe du film s'est évertuée à tendre. A commencer par la jeune Marion Cotillard (eh oui elle n'avait que 32 ans en 2007) qui s'est immiscée avec une aisance folle dans ce personnage qui semble des plus atypique. De l'ingénuité et ses peurs du début, à sa prestance sur scène en passant par ses moments de "folie", tout est maitrisé sur le bout des doigts.
La Môme, c'est un biopic hommage à cette immense voix de la chanson française qui continue à vibrer en nous chaque fois qu'on la croise au détour d'un tourne disque, d'une radio, d'une enceinte ou que sais-je. Comment la voir morte alors puisqu'elle continuer à nous transporter, nous guider, chasser les démons de la nuit ? Les réas de ce film ne la voient pas morte, justement. Piaf n'est pas morte dans La Môme. Elle agonise dans son lit grassois, flashback de sa dernière apparition sur scène où elle clame haut et fort qu'elle ne regrette rien, écran noir, crédits.
Un biopic qui sait happer son spectateur grâce à une actrice aux petits oignons et des couleurs des plus chaudes pour nous emmener au cœur de la vie d'Edith Piaf, la chanson. On ne peut qu'être touché par cette vie d'exception malmenée par le destin, des déchirures de son enfance à la perte de son Marcel dans un crash d'avion. Une vie si tourmentée que le film finit par totalement s'emmêler les pinceaux en faisant des allers retours incessants entre les années sans plus aucune logique. Il n'en reste pas moins poignant, le bougre ('fin j'ai trouvé; ce film transmet beaucoup d'émotions pour peu qu'un ait un semblant de cœur et un certain attrait pour la musique).