La Môme, un film français réussi à tous les niveaux, méritant amplement son succès. Olivier Dahan, metteur en scène de ce biopic, ne tombe pas dans le piège de la répétition - il aurait pu jouer sur la drogue de Piaf, et ainsi copier bêtement le film Ray - et se démarque avec un schéma de narration exceptionnel, où l'ordre chronologique n'est pas respecté, mais l'ordre émotionnel oui (comme pour le cinéma d'Iñarritu, en quelques sortes). Alors, certes, le sujet de départ est tout à fait attractif, et le fait de pouvoir entendre dans une salle de cinéma parfaitement équipée la voix d'Edith Piaf (et quelle voix !) est exquis, mais les artistes à l'origine du long-métrage méritent toute l'attention. Dahan, pour son écriture et mise en scène, bouleverse lentement mais sûrement le spectateur, avec des moments simples et pourtant tout à fait sincères, un emploi des acteurs et de la cinématographie qui relève de la "capture d'instants" comme chez un Scorsese. Dahan peut aussi se vanter de diriger les acteurs aussi bien que le maître (ou presque, selon vos préférences). L'actrice principale, Marion Cotillard, mérite très largement sa popularité. Elle interprète Edith Piaf avec une implication étonnante, tout à fait visible dans les moments les plus dramatiques du film : la gestuelle gênée, maladroite, la décadence, la forte tête de la chanteuse sont dessinés à la perfection par l'actrice. A noter que celle-ci, outre son maquillage (excellent par ailleurs) s'est rasée les sourcils, un bel exemple de son engagement de comédie. Les seconds rôles ne sont pas en reste : on retrouve avec plaisir Sylvie Testud, toujours franche dans son jeu, à l'air cette fois fatigué. Le second rôle lui va aussi bien que le premier va à Cotillard, et nous ne pouvons qu'imaginer le déluge de récompenses que le film recevra, ou devrait recevoir. Il s'agit d'un des plus beaux biopics que le Cinéma ait pu pondre.