Sur cette biographie élogieuse de la chanteuse française populaire, Olivier Dahan ("Les rivières pourpres 2") se penche sur la personnalité d'Edith Piaf. Dahan met en scène le charme de la toute-puissante Edith en passant au crible sa vie : son enfance, sa vieillesse, son éloquence, sa manière de chanter, ses colères, ses manières, ses amours, le tout englobé dans des flashbacks certes très bien mitonnés mais qui ont l'art de nous faire passer du coq à l'âne. Et c’est là que le bât blesse car, en dépit du rythme donné, Olivier Dahan essaye de nous faire passer par toutes les émotions. Alors oui, il arrive à ses fins, mais grâce au pouvoir monstre de l'interprétation de "la Môme Cotillard", qui arrive au pied d'égalité de la Môme Piaf.
Marion Cotillard (révélée par la saga "Taxi", elle devient avec "La Môme" une actrice de légende puis tournera avec les plus grands : Nolan, Soderbergh, Audiard...) est bouleversante, nous chamboule de bout en bout, nous enivre, et toutes la pluie de récompenses (pour elle ou pour le film), ultra-méritée, sur-côte légèrement "La Môme" je trouve. Interprétation brillantissime mais qui cache cet aspect un peu bourre-tout du film. En parlant bourre-tout, un autre ogre de talent, notre Gégé national qui en profite pour faire son éternel second rôle (qu'on adore forcément), mais dont la prestance n'est là que pour faire fructifier le casting. Un peu dommage, car il aurait pu (et dû !) nous montrer un peu plus. Olivier, ne rabaisse pas notre dernier monstre sacré du cinéma français ! Avec aussi Jean-Pierre Martins ("Coluche, l'histoire d'un mec"), qui fait un Marcel Cerdan peu convaincant, et une Catherine Allégret (la fille de Simone Signoret !, vue dans "Compartiments tueurs" de Costa-Gavras et "L'aventure, c'est l'aventure" de Zidi parmi tant d'autres !!) pur jus, délectable à souhait !
Pour parler de la musique (récompensée elle-aussi), là, nous avons affaire à Marion Piaf qui nous ouvre la voie du paradis. "Padam", "L'hymne à l'amour", des chansons anglaises, rien que du sublime. Et de terminer avec l'interminable "Non, je ne regrette rien", Olivier Dahan nous rassure. Heureusement, car la bande-son était d'emblée le bijou de "La Môme".
Autre joyau, le choix des couleurs, chatoyantes à souhait.
En bref, Olivier Dahan fait de la fastueuse chanteuse un biopic inversé qui tient plus du racontar que de la mise en scène virtuose (décors et costumes). Simplement une mention Majuscule (très bien) à Marion Cotillard qui tient le film sur ces épaules deux heures et demies durant. Chapeau P(m)adame !
Spectateurs, emportons-nous par la foule...