Dans les années 80, le western commencent à décliner, la vague des westerns spaghettis qui avaient apporté un renouveau au genre dans les années 60 s'est éteinte, et les codes du western américain disparaissent. L'héroïsme des aventures géantes de John Ford n'est plus de mise, la réalisation se consacre à l'élaboration de grands films épurés en paroles et effets spéciaux, filmant les grands espaces balayés par le vent qui prennent le dessus sur l'homme, tout petit face à la nature. Danse avec les Loups approche à grand pas. L'heure n'est plus aux sonorités retentissantes des batailles et des contes de brigands, l'approche se montre plus documentaire. C'est là que Tom Horn surgit, basé sur une histoire vraie, accouché dans la douleur par un Steve McQueen ayant dus faire des pieds et des mains pour mener à bien la mise en scène de ce film dont il était l'acteur principal. Sa persévérance a porté ses fruits, son œuvre est d'une qualité exemplaire, et se distingue des innombrables histoires trop de fois répétés du Far West par son scénario en rupture nette avec l'image que l'on se fait d'un western classique. Tom Horn n'a rien du héros léonien, ni dans sa démarche, ni dans ses paroles, et encore moins dans la finalité de ses actes, mais ses derniers l'en rapproche. Il sait manier le winchester mieux que personne, et abat des voleurs de bétails avec une facilité déconcertante. Cependant le film adopte en tout point une approche réaliste ne se permettant aucune facilité édulcorée, ce qui ne l'empêche pas pour autant d'être spectaculaire dans ses poursuites, surtout dans la beauté des contrées sauvages qui s'étendent sous nos yeux à perte de vue, et qui sont très bien placées en avant par la mise en scène ample et cinématographique de William Wiard à qui échut au final la fonction de réalisateur. Il effectue un travail d'excellente facture alors qu'il n'était que débutant dans le domaine de la TV. Cet atout s'allie à une narration fluide, bien orchestrée, qui démarre rapidement sans traîner (la bagarre qui présente le caractère franc de Tom Horn tout en signalant que ce n'est pas un super héros non plus, c'est à dire que sa franchise lui vaut une raclée) pour se poser en une arborescence de trames qui préparent plusieurs voies (la petite fête de John Cobble, ou des pistes au spectateur concernant la suite de l’historie s'offrent à nous, elles sont d'ordre politique, amoureuse, économique, dualité...on s'attend bien sûr à ce qu'elles s'entremêlent et complexifie ainsi les choses, mais finalement Tom Horn reste un film relativement linéaire et très simple). On se laisse facilement emporter dans la vie de cet ancien soldat qui inspire tout de suite une grande humanité. Steve McQueen est vraiment très brillant dans ce rôle, composant une figure d'une humilité très touchante, dont les quelques réactions violentes (après la mort de son cheval) sont humaines et parfaitement compréhensible. La dernière partie du film lui permet de déployer tout son talent d'acteur pour nous amener à saisir pleinement la mentalité de cet homme d'une grande bonté, et plus nous le comprenons lors de ce procès, plus les dernières secondes seront insoutenables. Ce dernier quart de Tom Horn tranche radicalement, là aussi, avec le duel final (ou la charge, la bataille ou autre séquence d'action mémorable) qui caractérise si bien le genre. C'est un film à la fois humble et grand, toujours minimaliste sur le plan émotif formel, mais agissant puissamment dans le for intérieur.