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Bowen Tyler
2 abonnés
112 critiques
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4,0
Publiée le 2 novembre 2023
Un très beau film qui peu à peu envoute le spectateur. Les acteurs défendent avec beaucoup de conviction cette adaptation d'une pièce de théâtre d'Heinrich Von Kleist.
Adapté d’un chef-d’œuvre du théâtre classique allemand signé Heinrich von Kleist, Le Prince de Hombourg met en scène une vision à la fois onirique et sombre des tourments de l’amour et de la guerre. D’un fort bel esthétisme, pour une histoire, plutôt originale, interprétée avec un tel raffinement. Cette théâtralité on la retrouve dans la mise en scène de Marco Bellochio, magnifiée par une lumière picturale et des costumes somptueux et signifiants. Ils posent la personnalité de tous ces héros de chair et de sang qui peuplent le palais où se nouent le drame et la fatalité. Dans une situation paradoxale : pour ne pas avoir obéit aux ordres (une désobéissance qui lui vaut la victoire) le prince de Hombourg est condamné à une mort certaine. Car un héros qui s’abaisse à demander grâce n’est plus un héros. C’est tout l’enjeu de ce film, sublime, six fois nommé à Cannes, et reparti bredouille. Depuis, il n’avait jamais été reprogrammé au cinéma. Cela va faire bientôt 20 ans. Il était temps, c’est un film remarquable.
Bellocchio est caustique, transgressif, parfois même incisif. Cinéaste engagé, cinéaste décrié, on a souvent tord de résumer sa brillante carrière au Diable au corps et à Vincere. Sa filmographie regorge pourtant de petit bijou à l’égard du Prince de Hombourg. Andrea Di Stefano en jeune prince amoureux et torturé livre une prestation aussi singulière que remarquable. Dans un costume et des décors aussi épurés que travaillés, l’acteur, alors âgé de 25 ans, incarne avec une sensibilité sans égale et une prestance mémorable, la détresse d’un personnage au cœur de l’histoire et en pleine histoire de cœur. Mariant réalisme historique et romantisme littéraire, Bellocchio orchestre une mise en scène théâtralisée servant avec subtilité la pièce originelle de Heinrich Von Kleist et exposant ses questions récurrentes sur le rapport à l’ordre, à la morale et à la passion.