Attention : surtout, ne pas s'attendre à un drame de guerre en costumes ou à une fresque épique. A part une courte scène de bataille, vue loin du carnage, "Il Principe di Homburg" se déroule essentiellement par dialogues posés. Pour cause, c'est l'adaptation d'une pièce de théâtre !
Le Prince en question est un officier rêveur et peu procédurier. Distrait pendant un briefing de bataille, il charge le lendemain avec sa cavalerie, contre les ordres stricts de son supérieur. Son geste en lui-même est inexcusable du point de vue du règlement... mais il a apporté une grande victoire. Est-il un héros ou un condamné ?
Le scénario est ainsi une réflexion continue sur l'ordre militaire, et la justice. L'issue du champ de bataille prévaut-elle sur les lois militaires ? Quel sens y a-t-il à sacrifier un héros ? En s'amusant du Prince lors de son somnambulisme, son supérieur n'a-t-il pas sa part de responsabilité dans sa distraction ?
Beaucoup de tels sujets seront développés par les personnages. Cela aurait pu donner un film très bavard, heureusement l'ensemble ne se limite pas à cela. S'il y a bien quelques tirades un peu pompeuses, "Il Principe di Homburg" bénéficie d'une atmosphère irréelle, presque onirique.
Entre les états de somnambulisme du Prince, l'utilisation récurrente du jardin comme pivot de narration visuelle, l'éclairage timoré façon bougie, les ombres, on a souvent l'impression que le protagoniste rêve. Ceci jusqu'à une scène finale ouverte, qui laisse au spectateur un certain champs d'interprétation.
Le film bénéficie également d'une jolie musique, de beaux costumes, et d'acteurs globalement talentueux. D'ailleurs, en regardant bien, vous pourrez repérer un jeune Pierfrancesco Favino dans un court rôle !
Il faut quand même accepter de voir des officiers prussiens avec de grosses croix germaniques parler italien. Et j'ai eu du mal avec l'acteur principal. Déjà, le protagoniste hagard et impétueux n'est pas très attachant. Mais Andrea Di Stefano a l'air un peu perdu, et a du mal à en faire un personnage fort. Peut-être était-ce l'intention du réalisateur, de montrer ce jeune homme écrasé par le système. Mais c'est dommage, le film aurait pu être bien meilleur.