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Loïck G.
334 abonnés
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4,5
Publiée le 1 juillet 2015
Adapté d’un chef-d’œuvre du théâtre classique allemand signé Heinrich von Kleist, Le Prince de Hombourg met en scène une vision à la fois onirique et sombre des tourments de l’amour et de la guerre. D’un fort bel esthétisme, pour une histoire, plutôt originale, interprétée avec un tel raffinement. Cette théâtralité on la retrouve dans la mise en scène de Marco Bellochio, magnifiée par une lumière picturale et des costumes somptueux et signifiants. Ils posent la personnalité de tous ces héros de chair et de sang qui peuplent le palais où se nouent le drame et la fatalité. Dans une situation paradoxale : pour ne pas avoir obéit aux ordres (une désobéissance qui lui vaut la victoire) le prince de Hombourg est condamné à une mort certaine. Car un héros qui s’abaisse à demander grâce n’est plus un héros. C’est tout l’enjeu de ce film, sublime, six fois nommé à Cannes, et reparti bredouille. Depuis, il n’avait jamais été reprogrammé au cinéma. Cela va faire bientôt 20 ans. Il était temps, c’est un film remarquable.
Quelle belle idée que de nous permettre en France de découvrir ce film magnifique. La musique orchestre l'image. La scène est théâtrale, les personnages surgissent, disparaissent et la caméra est toujours là où se situe l'action pour nous la montrer ou nous la donner à entendre. Le son des déplacements est fondamental dans ce film en costumes d'époque. L'honneur peut-il prendre le pas sur l'amour? La rigueur de l'obéissance aveugle à la hiérarchie militaire est-elle déterminante pour faire un bon militaire ? Est-ce que faire preuve d'initiative du côté de la bravoure peut constituer une faute, dont la sanction serait fatale, tel est l'un des enjeux du film. L'espace du rêve, du somnambulisme sont des éléments constitutifs de ce qui anime ce prince de Hombourg. Ce qui est fabuleux, c'est la place faite au pouvoir de la parole dans ce film : dire a de l'effet et peut changer le cours des événements. Mais un dire peut en cacher ou en engendrer un autre et bouleverser à nouveau le changement. Parfois, c'est même un dire collectif, qui surgit. Voici une belle expérience cinématographique à goûter en cet été caniculaire.
Au début le générique annonce que c'est d'après un récit d'Heinrich von Kleist. Tiens c'est amusant 2 jours auparavant j'ai regardé La Marquise d'O de Rohmer et c'était du même auteur, un film pas follement passionnant et il en sera de même pour Le Prince de Hombourg. Comme pour le film de Rohmer c'est ici sans vie et manquant de chaleur humaine, le scénario n'est pas mauvais, la réalisation est jolie et la reconstitution historique de qualité pourtant on ne retrouve pas la beauté des films historiques italiens des années 70 ou 60 de plus l'acteur incarnant le prince en question joue son personnage avec peu de conviction.
Attention : surtout, ne pas s'attendre à un drame de guerre en costumes ou à une fresque épique. A part une courte scène de bataille, vue loin du carnage, "Il Principe di Homburg" se déroule essentiellement par dialogues posés. Pour cause, c'est l'adaptation d'une pièce de théâtre ! Le Prince en question est un officier rêveur et peu procédurier. Distrait pendant un briefing de bataille, il charge le lendemain avec sa cavalerie, contre les ordres stricts de son supérieur. Son geste en lui-même est inexcusable du point de vue du règlement... mais il a apporté une grande victoire. Est-il un héros ou un condamné ? Le scénario est ainsi une réflexion continue sur l'ordre militaire, et la justice. L'issue du champ de bataille prévaut-elle sur les lois militaires ? Quel sens y a-t-il à sacrifier un héros ? En s'amusant du Prince lors de son somnambulisme, son supérieur n'a-t-il pas sa part de responsabilité dans sa distraction ? Beaucoup de tels sujets seront développés par les personnages. Cela aurait pu donner un film très bavard, heureusement l'ensemble ne se limite pas à cela. S'il y a bien quelques tirades un peu pompeuses, "Il Principe di Homburg" bénéficie d'une atmosphère irréelle, presque onirique. Entre les états de somnambulisme du Prince, l'utilisation récurrente du jardin comme pivot de narration visuelle, l'éclairage timoré façon bougie, les ombres, on a souvent l'impression que le protagoniste rêve. Ceci jusqu'à une scène finale ouverte, qui laisse au spectateur un certain champs d'interprétation. Le film bénéficie également d'une jolie musique, de beaux costumes, et d'acteurs globalement talentueux. D'ailleurs, en regardant bien, vous pourrez repérer un jeune Pierfrancesco Favino dans un court rôle ! Il faut quand même accepter de voir des officiers prussiens avec de grosses croix germaniques parler italien. Et j'ai eu du mal avec l'acteur principal. Déjà, le protagoniste hagard et impétueux n'est pas très attachant. Mais Andrea Di Stefano a l'air un peu perdu, et a du mal à en faire un personnage fort. Peut-être était-ce l'intention du réalisateur, de montrer ce jeune homme écrasé par le système. Mais c'est dommage, le film aurait pu être bien meilleur.
Désobéissant aux ordres, le prince de Hombourg engage une charge de cavalerie menant son pays à la victoire. Mais pour avoir désobéi, il est enfermé et condamné à mort. Réticent à cette idée, il finit par l'accepter, allant jusqu'à refuser la grâce qu'on lui propose... Adaptant Heinrich von Kleist, Marco Bellocchio signe avec ce film un drame romantique pur et dur, s'approchant au plus près du héros et de ses tourments. Si la mise en scène est sublime et que l'interprétation de qualité, le fait est que l'on aura bien du mal à accrocher à l'ensemble, prisonnier de dialogues superbes mais néanmoins trop soutenus et parlant de tourments trop surfaits pour que l'on s'y identifie complètement. C'est superbe mais c'est tout de même souvent ennuyeux. Dommage...
Oui, il y a de jolis costumes, de beaux uniformes. Mais quelques cavalcades ne suffisent pas pour évoquer une bataille. Et un scénario indigent achève de plonger le spectateur dans l'ennui. On interrompt alors le visionage, avec le regret d'avoir perdu son temps.
Un très beau film qui peu à peu envoute le spectateur. Les acteurs défendent avec beaucoup de conviction cette adaptation d'une pièce de théâtre d'Heinrich Von Kleist.
Bellocchio est caustique, transgressif, parfois même incisif. Cinéaste engagé, cinéaste décrié, on a souvent tord de résumer sa brillante carrière au Diable au corps et à Vincere. Sa filmographie regorge pourtant de petit bijou à l’égard du Prince de Hombourg. Andrea Di Stefano en jeune prince amoureux et torturé livre une prestation aussi singulière que remarquable. Dans un costume et des décors aussi épurés que travaillés, l’acteur, alors âgé de 25 ans, incarne avec une sensibilité sans égale et une prestance mémorable, la détresse d’un personnage au cœur de l’histoire et en pleine histoire de cœur. Mariant réalisme historique et romantisme littéraire, Bellocchio orchestre une mise en scène théâtralisée servant avec subtilité la pièce originelle de Heinrich Von Kleist et exposant ses questions récurrentes sur le rapport à l’ordre, à la morale et à la passion.