Que faisait et pensait le peuple égyptien, à la veille de la guerre des six jours, en 1967 ? Film touffu, choral, Le moineau est dans la continuité du cinéma de Chahine, qui crie autant son amour pour son pays qu'il condamne la corruption de ses plus hauts dirigeants. Très controversé à sa sortie, une habitude pour le cinéaste, le film connut une distribution erratique dans le monde arabe et interdit par Sadate. Tout son art, souvent déconcertant par ses ruptures de ton, y est concentré. Une pincée d'érotisme, une louche de politique, un soupçon d'humour, une cuillerée de drame et quelques chansons en guise de sauce pour napper le tout. Ca part un peu dans tous les sens, les personnages abondent : une couturière, un religieux, un journaliste, un policier et, avant tout, le peuple égyptien dans ses emballements, son ironie, son fatalisme. C'est un cinéma à la hauteur de son réalisateur, vivant, insolent, libre comme un oiseau.