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traversay1
3 570 abonnés
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3,5
Publiée le 25 août 2016
Que faisait et pensait le peuple égyptien, à la veille de la guerre des six jours, en 1967 ? Film touffu, choral, Le moineau est dans la continuité du cinéma de Chahine, qui crie autant son amour pour son pays qu'il condamne la corruption de ses plus hauts dirigeants. Très controversé à sa sortie, une habitude pour le cinéaste, le film connut une distribution erratique dans le monde arabe et interdit par Sadate. Tout son art, souvent déconcertant par ses ruptures de ton, y est concentré. Une pincée d'érotisme, une louche de politique, un soupçon d'humour, une cuillerée de drame et quelques chansons en guise de sauce pour napper le tout. Ca part un peu dans tous les sens, les personnages abondent : une couturière, un religieux, un journaliste, un policier et, avant tout, le peuple égyptien dans ses emballements, son ironie, son fatalisme. C'est un cinéma à la hauteur de son réalisateur, vivant, insolent, libre comme un oiseau.
Sorti en 1972, soit cinq ans après la Guerre des Six Jours qui vit la débâcle de la coalition arabe face à Israël, Le moineau prenait justement pour cadre l’année 1967, et dressait à la veille de ce conflit le portrait de plusieurs Égyptiens et Égyptiennes qui apprendront leur défaite tardivement, éveillant un puissant sentiment d’humiliation collective. Ce film dense et un peu confus est aussi l’histoire d’un pays marqué par la corruption et les liens souterrains entre certaines élites et des mercenaires spécialisés dans le pillage d’usines. Il réserve en outre de belles séquences à la charge érotique évidente.
Pour le spectateur français, il est une tâche ardue que de mettre la main sur un film de Youssef Chahine étant donné que le cinéma égyptien ne s'exporte quasiment pas dans nos contrées. En gros, avoir l'occasion de regarder un film comme celui-là relève plus du coup de bol qu'autre chose. Chahine, à part de nom, je ne connais pas. Comme bien d'autres personnes ici. La découverte est totale. "Le moineau", il s'agit avant toute chose d'un portrait sans la moindre concession sur ce qu'était la société égyptienne dans les années 60. Le cinéaste n'occulte aucun des travers. Tellement, que cette histoire de vol de camions n'est finalement que prétexte. Vous l'avez compris, nous sommes ici face à un film social et au ton résolument contestataire.
C'est l'un des rares films de Chahine que je n'ai que moyennement appréciés. J'ai eu assez de mal à suivre l'histoire, qui est parfois brouillonne, surtout pour un occidental qui ne connait pas les évènements dont parle le film. Heureusement, il y a un peu d'humour qui m'a fait sourire. Dans tous les cas, si vous voulez découvrir le cinéma de Youssef Chahine, ne commencez pas par celui-ci...