Comes a Horseman se saisit de la maison paternelle, et donc familiale, comme une métaphore du monde ancien confronté à la modernité : soit la lutte acharnée d’une femme seule, interprétée par Jane Fonda, pour défendre ses terres et son bétail face aux intrusions et menaces d’un voisin nommé Jacob Ewing, qui mute progressivement en renaissance par le biais d’un tiers qui incarne ladite modernité, Frank, soldat démobilisé de la Seconde Guerre mondiale. L’évocation des Boches en début de film surprend, tant ce terme dissone dans le paysage normé du western, genre codifié par excellence qu’Alan J. Pakula aborde avec respect et rigueur – en témoigne le filmage des prairies bordées de montagnes, avec un cadrage de l’horizon qu’aurait validé John Ford ! – mais dans lequel il insémine des éléments apparemment anachroniques, depuis l’avion à la montre-bracelet que porte Ella Conors. Celle-ci subit une transformation de son caractère : d’abord revêche et peu loquace, elle gagne en humanité et en sensibilité à mesure que se développe sa relation avec Frank, suivant un schéma assez prévisible. La toute-puissance de la banque dans un Texas qui se rêve encore, pour la génération la plus ancienne, sous les traits des pionniers et de la conquête, participe de ce crépuscule d’un âge d’or en partie fantasmé, qui disparaît totalement quand Ella regarde, l’espace d’un instant, sa maison miniature se consumer, réplique parfaite de la bâtisse familiale. Un deuil dans les flammes de la colère et de la passion, puis la reconstruction en compagnie de l’être aimé.
Un western intelligent et visuellement superbe, qui souffre néanmoins de longueurs dommageables et de la comparaison avec Lonely Are the Brave, chef-d’œuvre traitant des mêmes thématiques sorti quelques années auparavant.