Pas un Chuck Norris très connu que ce Héros, souffrant d’un titre franchement pas terrible quand même. Le résultat est mitigé.
D’un côté William Tannen signe une mise en scène recherchée. Il y a du style, de bons choix de cadrages, avec un travail un peu alambiqué qui change des films souvent assez décevant en la matière de l’acteur.
De la même manière, en dépit d’un contraste trop appuyé de la photographie qui fait que certaines scènes tendent vers l’illisible, je retiens un effort manifeste sur le travail de la couleur, des éclairages, et de l’ambiance. Recours aux néons, jeu d’ombre, contre-jour, néons, le métrage fait fort, recourant encore aux fumées, et créant une atmosphère parfois confinant au surnaturel. La partie dans le théâtre est particulièrement frappante, en dépit donc des contrastes trop appuyés. C’est peut-être voulu, mais ça nuit quand même à la lecture de certains passages.
A ces qualités visuelles j’adjoindrai une bonne musique, bien dans l’ambiance du métrage et qui tient une place de choix.
En fait c’est surtout là que Héros séduit. Malgré quelques maladresses, ce film a de la personnalité formelle.
Ce n’est pas trop le cas niveau jeu d’acteur. Les personnages sont assez ridicules, ils ont des réactions d’une bêtise crasse (un géant de deux mètres passent à côté de toi, tu ne l’entends pas, bizarre quand même !). Le méchant justement aurait pu avoir de l’allure mais on en fait un gros pataud, cependant remarquablement brillant pour se faufiler en toute discrétion telle une souris ! Limité à pas grand-chose, le méchant est confronté à un Chuck Norris invitait à jouer la comédie, voire à être drôle, mais qui se débrouille mal. Peu expressif, peu crédible, il n’a pas même beaucoup à faire sur le plan de l’action, et il fait preuve d’un monolithisme trop frappant. Reste que le record du personnage le plus débile et de l’acteur le plus en roue libre revient à Steve James, bien mal utilisé. A noter la petite présence sympa de Billy Drago (peu utile cependant).
Le scénario est nettement perfectible. Des invraisemblances nombreuses (touchant le tueur surtout), des facilités scénaristiques, des personnages simplistes, pour un film de serial-killer franchement des plus basiques. Peu de meurtres, pas énormément d’action, une enquête sans grand relief, c’est le point faible notoire de Héros, qui parfois soulève un peu d’intérêt par quelques moments d’humour, et une présentation, relative cependant, des victimes, ce qui permet d’avoir un peu de sensibilité à leur malheur.
Pour moi Héros reste un petit film pas très attractif, si ce n’est sur la forme. Tannen parvient grâce à son travail à tirer ce métrage du médiocre, pour en faire une série B plus classe, et surtout plus typée que la moyenne. 2.5