La Rose de fer fut mon premier Jean Rollin, et je dois dire qu’il laisse des souvenirs curieux. Il se dégage du film une étonnante poésie, romantique et mélancolique, parfois d’une tristesse implacable. Film d’ambiance avant tout, il est doté d’une très belle musique, malheureusement plutôt absente dans le déroulement du métrage. La photographie est soignée, et les décors originaux, le cimetière étant réellement un lieu magique. Certaines scènes sont d’une force incroyable, en particulier celle du clown, et justifieraient à elles seules une meilleure reconnaissance de ce film. Mais tout ne suit pas cette belle qualité. Les acteurs ne sont pas franchement convaincants, les dialogues, peu nombreux certes ne sont pas terribles, les réactions des personnages sont parfois bizarres. Le rythme est aussi très lent, et ceux qui n’aiment pas les métrages contemplatifs risquent de trouver le temps vraiment long. Certaines longueurs ne se justifient d’ailleurs pas, et Rollin semble parfois avoir gonflé artificiellement la durée. La Rose de fer aurait d’ailleurs peut-être été un meilleur moyen-métrage, tant compte surtout son ambiance et sa dimension expérimentale. Ce film n’est par ailleurs pas du tout gore, et l’érotisme cher à Rollin est ici très ténu.
Pour conclure voilà une rareté cinématographique qui ne plaira sans doute qu’à une petite partie des cinéphiles. Bâti comme un conte, Rollin s’est entièrement consacré à la dimension visuelle de son film, laquelle est très réussie et n’a rien à envier aux perles du film d’ambiance. Exigeant, élitiste peut-être, La Rose de fer est audacieux et s’en tire avec les honneurs.