"Et là, j'ai monté ma soeur. et J'l'ai bien niquée, bien profond même !"
J'innove. Après la sphère musicale sombre, je m'attaque (un peu, parce que c'est pas mon domaine) maintenant à un tout autre univers, celui du cinéma. et, pour ce baptême du feu, en commençant par un film qui m'a pour le moins marqué, "Sheitan". Réalisé par Kim Chapiron, l'un des mecs du collectif Kourtrajmé (ayant réalisé entre autre le clip polémique -de merde- de Justice), ce film est l'incarnation même du "WTF" cinématographique. Un croisement entre "Freaks", "La Maison des 1000 Morts" et "Massacre à la Tronçonneuse, vous topez un peu le genre ?
Prenez une histoire à dormir debout, qui se casse la gueule tout le long du film : des jeunes de banlieue caricaturaux au possible (le black, le beur, l'asiat') usant de tics de langage énervants au possible se font inviter dans la maison de campagne d'une nana emballée en boîte un peu plus tôt. Arrivés sur les lieux, ils font la connaissance du plouc de service à la famille consanguine, Joseph. Et puis là, le reste se complique : l'histoire part dans tout les sens, fait des détours parfois inutiles, bref, une histoire qui n'en est pas vraiment une. Mais l'essentiel n'est pas là.
Ce film est monumental, et ce pour plusieurs raisons. Peu importe l'histoire, Kim Chapiron est un putain de génie derrière sa caméra. Jamais je n'avais vu Vincent Cassel aussi intéressant depuis "La Haine" : métamorphosé en bouseux illettré et légèrement malade mental, abreuvant la bande de jeunes de propos tantôt grossiers, tantôt gentiment racistes, il est tout bonnement méconnaissable. Et puis merde, il porte quand même des fripes hallucinantes de mauvais goût. Hormis le rôle, c'est dans la gestion de la caméra que le film est intéressant : les FX, plutôt passables (surtout la scène finale, vous comprendrez quand vous le verrez) se voient sublimés par un sens de la prise de vue audacieux. Nous ne sommes pas chez Gaspard Noé qui use et abuse de ces conneries, non, ici, ces petits effets de caméra sont judicieusement utilisés et placés, et retranscrivent bien le malaise des jeunes dans ce milieu hostile qu'est la campagne.
Malsain, ce film l'est totalement. L'ambiance glauque transpire littéralement de la pellicule, et dès le début, nous sommes embarqués dans le film, grâce à une scène d'introduction franchement efficace. Et on en ressort plus. On pardonne, gentils comme on est, le scénario qui ne rebondit pas assez, les scènes de genre quasi-inexistantes, la scène de triolisme aussi chaude qu'un moule à gauffre totalement inutile. On pardonne, parce que ce mec, Chapiron, peut vraiment faire des merveilles derrière son objectif. Chose qui se trouvera confirmée par l'excellent "Dog Pound", sorti y'a pas si longtemps. En bref, un excellent film qu'il convient de savourer jusqu'au bout, et surtout, de profiter de la prestation de Cassel en plouc.