Celui qui sera plus tard l’un des plus prometteurs réalisateurs britanniques aux Etats-Unis, Kick-Ass puis X-Men First Class, à préalablement sévi à la maison, mettant en scène un polar dans la plus pure tradition anglaise. Oui, Matthew Vaughn, s’offrant les services d’un Daniel Craig encore non plébiscité, d’un Tom Hardy encore inconnu au bataillon et de toute une flopée d’excellents interprètes britanniques, exception faite d’une Sienna Miller utile qu’à l’artifice sexy, nous offre une sorte de Scarface local, dans la tendance des polar de Guy Ritchie mais aussi des films de Scorsese, sans pour autant, cela étant anecdotique, que l’on y fasse de rapprochement soudain.
Bref, l’on nous narre tout d’abord le business fleurissant d’une poignée de gangsters discrets mais intraitable dans le petit monde de la vente de drogue. Technique implacable, prudence de rigueur, pour ensuite basculer dans une plus vaste entreprise, là où tous les problèmes vont débarquer bon train. Sous l’emprise de big boss se révélant vite manipulateurs et pour certains, peu fiables, le petit monde enrichissant de notre ami le dealer, Daniel Craig, au centre de l’intrigue, se transforme en descente aux enfers, et ce même si le personnage semble posséder plusieurs cordes à son arc. Un tourbillon de désillusions, le réveil, plus l’ascension criminelle, sans parler d’une fin pas franchement aussi surprenante que certains veulent bien le dire.
Polar britannique oblige, les acteurs sont fantastiques, les dialogues excellents et la violence, ici plus présente que sur les ouvrages de Ritchie, offre le bon dosage pour concurencer les maîtres du genre, et ce même si Layer Cake, dans le fond, passera plus ou moins inaperçu dans le paysage cinématographique, faute de tête d’affiche. Oui, le même film aujourd’hui, avec les mêmes acteurs, et boom, gros choc au Box-Office. Bref, cela n’ayant pas la moindre importance, les chiffres j’entends, disons simplement que sans éblouir, le film de Matthew Vaughn offre tout de même quelques fantastiques exemples de mise en scène de d’écriture, à l’image d’un Daniel Craig dont on ne connaît pas le nom, sans s’en rendre compte, jusqu’au générique de fin, belle prouesse.
L’intrigue est acerbe mais admirable, les personnages nombreux, pour plus de complexité, dans le bon sens du terme, et la voix off, celle du personnage principale, non envahissante mais judicieusement bien léchée, je me réfère là au premiers instants narrant de manière légère leurs manière de gérer le business. Bref, si Layer Cake n’aura pas fait l’unanimité auprès du public et des critiques presse à l’époque, il est pourtant, selon moi, absolument brillant. Oui, proche de certains standards, tout en étant indépendant, Matthew Vaughn étant déjà très compétent, le film offre ce qu’Hollywood ne peut offrir, ou ne peut plus pour être crédible. Vive le cinéma britannique, peut-être bien le meilleur, à la maison comme à l’importation (Vaughn, Nolan, Ridley Scott, Mendes, mais aussi Tom Hardy, Anthony Hopkins et j’en passe). 16/20