Frustration musicale au début de l'histoire, quelle drôle d'idée d'avoir coupé net un moment de concert soul très prometteur qui aurait constitué un baume ! Ensuite, on se scotche sur cette Russe à l'apparence froide transplantée à Memphis par un musicien qui pourrait être son père. Elle n'est pas si glacée que ça, sympa avec son fils et ses domestiques notamment,tolérante avec son vieux protecteur... Mais plus le portrait avance, et plus on est bouleversé ! Le couple que cette jeune femme forme avec le fils de son compagnon a quelque chose de magique qui continue de hanter du fait que l'histoire évite de se reporter 5 à 10 ans plus tard, on a tôt fait de croire que tout est rapé... alors que la vie a de ses tours ! Je trouve merveilleuse cette caméra qui tourne autour des situations quotidiennes, sans peur de filmer les vides autant que les pleins, le non-dit est capital... Notre gazelle slave, raide comme une poupée Barbie, bouillonne sous sa carapace, combien de temps se fera-t-elle violence pour modifier la trajectoire stoïque qu'elle s'est fixée (et les parcours du père et du fils sont-ils, du reste, plus enviables) ?... En tous cas elle n'en mène pas large avec ce fils craquant qui a peur de devenir père, et les débordements pour compenser dans le vide,ensuite, la laisse pantelante... S'il vous arrive, vous-même, de vivre pareils emballements, qui sapent les codes familiaux, sociaux, vous serez sensible à la douleur de ces trois personnages, décrite très minutieusement et avec beaucoup d'humanité, allez-y bien réveillé surtout.