Ce tableau d'une banlieue californienne psycho-pathologique se suit avec intérêt jusqu'au crescendo terminal. Pour un premier (et jusqu'à présent seul) long métrage, le réalisateur Arie Posin nous livre avec The Chumscrubber (gardons ce titre) un terrible petit film, qu'il a pris plaisir à tourner. Cette comédie dramatique, réussie, ne doit pas pour autant être mise sur le même plan que d'autres productions auxquelles on est amené à penser, telles que Bully (Larry Clark), American Beauty (plus intense), Alpha Dog (bien plus noir) ou Desperate Housewives. Ici, la gravité se fond dans l'humour et la folie se perd dans l'ironie. Le casting, idéal, regroupe entre autres Glenn Close, Ralph Fiennes, Carrie-Ann Moss, Jamie Bell (Dan) et Rory Culkin (le frère de)... tous très bons, malgré des dialogues qui pourraient être mieux travaillés. La bande originale, subtile (avec un "Pure Morning" bien vu), s'accorde délicatement à l'atmosphère. Cette société apparemment parfaite de moyens bourgeois de banlieue wasp prend une belle décharge dans la tronche au long de ce portrait délicieusement acide. Cette ruche de gens malades s'évertue à dissimuler ses failles, à reboucher les trous plutôt que de traiter les causes. Les enfants recouvrent leur révolte par les psychotropes et autres fuites. Les parents, adultes non assumés, préfèrent tout autant éviter le réel ou le travestir, plutôt que d'accepter le vrai dialogue (avec les jeunes mais aussi entre eux), porteur de vérité et de déstabilisations. Cette vie en vase clos, enfermée dans les illusions, dans l'auto-représentation, empêchent la perception de l'extérieur de s'effectuer véritablement; le réel se trouve donc déréalisé, surréalisé. Les parents d'Arie Posin ont fuit l'ex-URSS: on comprend le parallèle (à développer!) entre une société soviétique qui a appris à faire du mensonge la vérité, et une société américaine hypnotisée par sa prétendue perfection - toutes deux remplies de naïveté, d'aveuglements et de dénis. Joli.