Relecture du vaudeville à la française, cette « Doublure » vaut certainement bien plus que tout ce qu’on a pu en dire. Etrangement, on reproche ici à Veber ce qu’il ne fait pas, à savoir se répéter. D’abord, Pignon n’est pas toujours chez Veber un abruti, un maladroit ou un casse-pompe. C’est juste un nom. Ici, c’est plutôt un garçon naïf et un brin lunaire qui, comme dans « Le Placard », se révèle à la lumière d’une situation pour le moins tirée par les cheveux. On n’est pas ici dans le duo mal assorti, on est dans le Pignon et les gens qui l’entourent. Faire une comparaison de ce film avec « La Chèvre » ou « Le Dîner de con » est donc une ineptie totale.
Si elle n’est pas hilarante, cette comédie se révèle plaisante et amusante. Plaisante car bien écrite et bien amenée ; amusante car certains dialogues sont drôles et les seconds rôles sont particulièrement soignés même si certains semblent être seulement là pour faire tapisserie. Si « Le Placard » se voulait une critique sociale, le message est ici moins clair (seul constat, les gentils se tirent facilement de la situation dans laquelle ils sont empêtrés et les méchants punis). C’est un peu manichéen, un peu facile et, somme toute, peu ambitieux, mais curieusement, cela fonctionne très bien.
C’est une petite comédie, certes, très française par son sujet qui évoque le théâtre de boulevard, gentiment sentimentale, et totalement inoffensive dans son propos, mais elle est portée par une bande de comédiens tous épatants dans leur rôle. Très (trop ?) mécanique, ce film parvient cependant à divertir, ce qui n’est déjà pas mal au regard des comédies qui nous sont globalement proposées depuis plusieurs décennies.