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Un visiteur
5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Un film qui change du tout venant et du non avenu prend le risque de s'attirer toutes sortes de foudres, de la mauvaise foi patentée à l'incompréhension stupéfaite. Mais si l'on se compte au nombre de ceux qui se laisse porter simplement par le charme crescendo d'une histoire très mystérieuse, aux personnages intriguants, ambigus, et secrètement inquiets, pour qui parler, discourir, s'épancher, est le plus fiable des masques, si l'on prête l'oreille à cette mystification dans la langue ciselée de Diderot qui passe par toutes les couleurs du sentiment et du mensonge, de la séduction et de la trahison, on gardera longtemps en mémoire, comme un écho de toutes ces voix à la fin réduites au silence, ce film tremblé, précis, sensible et vraiment surprenant. Parmi tous ces portraits, autant de visages presque fantômes, celui central de la comédienne Camille Cayol m'aura particulièrement frappé. Lumineuse, chancelante ou déterminée, révélée.
Bravo à Sandrine Rinaldi. Elle a réussi un très beau film, très singulier, personnel et audacieux. Avec une telle réalisatrice on reprend confiance dans cinéma d'auteur contemporain. Transposer la langue de Diderot dans le monde d'aujourd'hui est une réussite. Le choix de la musique : "Les sauvages" De Jean-Philippe Rameau, interprété au piano par Marcelle Meyer, fonctionne admirablement sur les images du film. On est ravi de voir Lucia Sanchez interpréter le role de Mme Therbouche. Dans sa bouche la prose de Diderot chatoie, sourit et rebondit. Lucia Sanchez avait déjà fait le succès d'Une robe d'été de François Ozon. Souhaitons qu'elle porte chance de la même manière à Sandrine Rinaldi. On a également beaucoup aimer tous ces petits détails insolites dont est parsemé le film : les passages du train, le manège du chien... Il faut absolument aller voir Mystification.