Magie, magie, et vos cinés ont du génie
Et dans son domaine, lillusion, Eisenheim (Edward Norton) en est un, de génie : capable de faire pousser un oranger ou de faire apparaître des esprits en direct, lhomme fascine, à juste titre, le tout Vienne de la fin du XIXe siècle. Le prince héritier (Rufus Sewell) est de ceux-là, tout comme sa jeune fiancée (Jessica Biel), qui nest autre que lamour denfance de prestidigitateur. Inutile de préciser que ce détail fait des deux hommes des rivaux, et quil vaut mieux ne pas sous-estimer le talent dEisenheim lorsque celui-ci parle de faire disparaître son ennemi.
Comme vous aurez sans doute pu le remarquer, un léger parfum de magie flotte sur nos écrans depuis quelques temps : deux mois seulement après Le Prestige, LIllusionniste débarque avec, dans sa valise, des thèmes et une époque similaires. Ceci rend donc la comparaison inévitable, mais elle joue en défaveur de la seconde réalisation de Neil Burger, quil ne faut pas, pour autant, décrire comme un simple ersatz du film de Christopher Nolan. Car, quand ce dernier saventurait dans les coulisses des spectacles de son duo de magiciens, Burger attache sa caméra aux pas de linspecteur Uhl (Paul Giamatti), chargé denquêter sur le mystérieux illusionniste du titre. De ce fait, le spectateur découvre ses secrets au fur et à mesure de lenquête, jusquà lultime coup de théâtre, attendu et sortant comme un lapin d'un chapeau, mais néanmoins surprenant, et qui réhausse lintérêt dun cran. Car avant ça, il aura fallu endurer une sévère baisse de régime à mi-parcours, ou encore des tours de passe-passe exécutés à laide dimages de synthèse (un comble !). Seuls Paul Giamatti (attachant et ambigu) et Edward Norton (magnétique, dans un registre pourtant minimaliste) parviennent à donner un peu de sel à ce tour de magie plaisant, à défaut dêtre aussi virtuose que celui du Prestige.