Avis sur L'enfer vert

Voilà un film qui n’a pas grand-chose à voir avec le premier Cannibal Holocaust en fait, sauf l’ambiance amazonienne et un vague concept approchant, mais le résultat est tout de même différent.
L’enfer vert, reprend un casting assez proche du premier, avec un groupe de jeunes individus, entourés de baroudeurs, d’indigènes, de personnages plus ou moins fréquentables. Globalement le casting n’a pas un énorme intérêt, et d’ailleurs aucun des acteurs n’a réellement fait carrière. Malgré tout ils ne déméritent pas non plus, et disons qu’ils assurent à peu près ce qu’il faut, même si par rapport au premier Cannibal Holocaust leurs personnalités sont moins réalistes. A noter cependant qu’ils sont plus attachants (je parle au moins du groupe de jeunes, pas des méchants de service il va de soi).
Le scénario reprend les codes de Cannibal Holocaust, dans le sens où il propose comme lui une aventure en forêt amazonienne, avec tout ce qu’il y a d’inhérent au genre. Le métrage est toutefois bien moins réussi. D’abord il y a des longueurs réelles. Il y a notamment un espèce de morceau « chasse » qu’on dirait tout droit sortie d’un documentaire sur le sujet, et qui n’est pas passionnant du tout. Il fallait visiblement coller la même recette que le premier film de façon toutefois bien plus soft, donc il l’on intégrer mais très mal. Le film est aussi beaucoup plus quelconque. Finalement il n’y a presque pas de scènes chocs, la dimension aventure est parfois à la limite du ridicule (dans la case des méchants avec les mecs en caleçons !) et finalement j’ai trouvé que l’ensemble tenait mal la route. Le propos du film pouvait pourtant offrir un bon diptyque avec le premier métrage, car l’orientation est ici très différente (avec des occidentaux combattants aux cotés des indiens notamment), mais non, le résultat est inconsistant.
Visuellement on retrouve les bons arguments de ces films italo-amazoniens. De beaux décors en premier lieu, une réelle ambiance tropicale étouffante (moins que dans le 1), une photographie granuleuse qui sied bien à ces métrages qui ont généralement bien vieilli de ce point de vue. En revanche la mise en scène est nettement moins inspirée que celle de Deodato, avec des scènes qui sont souvent assez molles, filmées sans aucun génie. En la matière le final est assez symptomatique du problème d’avoir un simple artisan aux commandes, qui en plus n’est pas trop habitué à ce registre filmique. Le film n’a guère d’effets horrifiques à proposer. Quelques têtes décapités, un ou deux accidents, mais globalement on est à des années lumières du premier film. Ceux qui ont détesté Cannibal Holocaust pour son côté vomitif, ses tortures d’animaux pourront au moins regarder le 2 qui n’a rien de tout cela (même les chasses citées plus haut n’exploitent pas cette veine). La musique est clairement moins inspirée que dans Cannibal Holocaust. Par moment on sent un thème pas trop mal, mais ça n’a pas l’efficacité de la bande son d’Ortolani, mémorable.
Ainsi cet Enfer Vert est un film amazonien pour une fois pas trop racoleur, mais qui du coup perd peut-être un des intérêts principaux du genre. En effet vous enlevez cela, et vous vous retrouvez quasiment avec une balade amazonienne. Bon j’exagère un peu car le film est tout de même sympathique, mise souvent sur sa dimension exotique avec plein de petites bêtes, mais c’est vrai que l’ensemble reste plutôt fade, du fait d’un rythme général lancinant et d’un côté parfois risible. Je lui donne la moyenne, mais pas plus.