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Un visiteur
4,5
Publiée le 23 décembre 2011
Un excellent maigret, d'une part l'ambiance vivante du film doit être assez proche du paris des années 30, d'autre part les acteurs sont excellents. L'intrigue s'avère assez recherchée même si ici j'emettrai une petite réserve sur le final qui aurait pu être mieux négocier.
A propos du film, Duvivier, adaptant Simenon, disait se désintéresser du suspens lié à l'intrigue criminelle pour ne se consacrer qu'à l'étude psycologique des personnages, principalement du meurtrier interprété par le méconnu et atypique Valery Inkijinoff. De fait, le polar témoigne d'un réalisme certain, fondé d'abord sur l'observation de la technique et de l'intelligence policière puis, donc, sur la personnalité des protagonistes. Radek Assassine une riche américaine et prétend avoir commis le crime parfait, notamment en piégant un comparse, pauvre bougre vite arrété mais à la culpabilité duquel le commissaire Maigret ne croit pas. Pour autant, la dimension humaine et psychologique qui étoffe utilement le rôle de Radek, n'est par forcément ce que l'on retiendra du film. On est plus sensible finalement à la noirceur et au sentiment de pessimisme qui percent, comme généralement dans la mise en scène de Duvivier. On appréciera aussi la modernité de l'interprétation, celle d'Inkijinoff, celle d'Harry Baur, dans le rôle de Maigret, dont l'économie de parole traduit tour à tour la bonhomie et la gravité de son personnage. Maigret, encore débutant au cinéma, va comme un gant à l'acteur; le commissaire est ici un personnage plutôt effacé, pas encore la star de ses films, au profit de la personnalité "baroque" du criminel.
Historiquement, ce film est le 3ème film à adapter un roman du Maigret de Simenon. Harry Baur campe ici le légendaire commissaire avec brio et humanité. Duvivier, qui réalise ici un de ses nombreux chef d'oeuvre, parvient à donner une grande intensité au duel psychologique entre le commissaire et l'assassin. La mise en scène est extrêmement inventive.
Un film de Duvivier assez rare et méconnu mais qui recèle une inventivité dans la mise en scène assez étonnante pour l'époque, avec des travellings et des cadrages qui ne sont pas sans rappeler certains aspects du cinéma expressionniste allemand. Harry Baur, tout en retenue, manque curieusement de relief face à l'interprétation exceptionnelle de Valéry Inkijinoff.
Dans la filmographie de Julien DUVIVIER, cette adaptation du roman éponyme de SIMENON fait partie de la série qu'il mit en scène au début de sa carrière et dont les scénarii étaient tirés d'oeuvre littéraires. Le style très dépouillé de la mise en scène, dont beaucoup de techniques sont encore empruntées au "Muet", renforce la dramaturgie de l'histoire. Elle fait la part belle aux talents extraordinaires de Harry BAUR et de Valery INKIJINOFF (hélas trop méconnu et trop peu exploité par le cinéma français autrement qu'en faire valoir) qui potent tout le poids de cette oeuvre hélas méconnue. Leur affrontement est un pur régal de jeu d'acteur même si parfois certaines postures sont surjouées: n'oublions pas que ces comédiens étaient issus d'un théâtre où il était coutumier d'en rajouter pour faire vibrer le public. La musique est presque totalement absente à l’exception de la lancinante chanson interprétée par Missia et composée par Jacques BELASCO (sous le pseudo de Jacques DALLIN). Ce qui renforce le suspens étouffant de cette partie d'échecs. L'ensemble donne un film puissant qui participera à imposer le néo-réalisme du cinéma français d'avant-guerre dont s'inspireront en leur temps le cinéma italien, Hollywood et la "Nouvelle Vague ". A voir absolument et à revoir (en replay dans le "Cinéma de Minuit" sur FRANCE 5 en ce moment).
A se souvenir des interprétations remarquables, de la réalisation sophistiquée et surtout de la capacité à parler d'une époque avec authenticité pour toucher l'universel : bref, à se souvenir de Duvivier!