Le titre fait référence au nom de l’arrêt d’autocar sur la ligne Nantes-Saint-Brévin, à 600 m de Rouans, commune (1520 habitants en 1962) du pays de Retz, traversée par l’Acheneau, rivière (30 km) alimentée par le lac de Grand-Lieu et affluent rive gauche de la Loire. Le film n’a pas vieilli et se caractérise par une grande sobriété et justesse de ton, plein de « décence ordinaire », (« Common decency ») chère à Georges Orwell (1903-1950). D’inspiration autobiographique (le fils du réalisateur, Antoine, 10 ans, joue Louis, alter ego de son père enfant) mais sans égocentrisme, ni pathos. Le film entremêle 2 thèmes, les souvenirs d’un petit parisien, Louis, 9 ans, qui découvre la vie à la campagne, en été, grâce à Martine, 10 ans (Vanessa GUEDJ), fille délurée de la voisine coiffeuse (Pascale ROBERTS) et l’histoire d’un couple qui héberge Louis [sa mère, Claire (Christine PASCAL), dactylo, l’ayant confié car en fin de grossesse et séparée de son mari, maître d’hôtel à Nice], Marcelle (ANÉMONE, 37 ans et qui a obtenu pour ce rôle le César de la meilleure actrice en 1988), couturière, et Pelo (Richard BOHRINGER, 45 ans et qui a obtenu pour ce rôle le César du meilleur acteur en 1988), menuisier, en perdition ;
l’une est rongée par la perte d’un bébé à l’accouchement (en 1949, soit il y a 10 ans) et l’autre, noie sa solitude dans l’alcoolisme.
Le film raconte une histoire universelle et touchante, dans une France (1958) qui n’existe plus [très bien reconstituée avec une photographie de Claude LECOMTE et des décors et accessoires (
globe de mariée dans la chambre de Louis, obus gravé sur le buffet deux corps de la cuisine, automobiles
) de Thierry FLAMAND qui joue également le rôle du médecin], privilégiant l’aspect documentaire (
saignée et dépeçage du lapin par Marcelle, plumaison des poulets par les femmes, toilette de Louis dans une bassine, W-C dans le jardin, linge mis à bouillir dans une lessiveuse, consommation de civelles, même si la pêche a lieu de novembre à mars et non en été
) à la nostalgie.