Bon, alors après le très polémique Rottweiler de Yuzna (pétition pour représentation méchante du rottweiler au cinéma, si si !), je m’attaque à Maladolescenza, polémique pour d’autres raisons. Ouais, ben ne vous en faites pas, vous n’allez pas passer pour un gros pédophile devant ce film, car je l’ai vu, et en version non censurée (quasi introuvable mais avec de bons réseaux on finit par tout avoir), et il n’y a pas franchement de quoi fouetter un chat.Ce film s’appuie sur trois acteurs seulement, trois jeunes gens, ma foi bien talentueux. Dotés de rôles très particuliers pour leur âge, ils se débrouillent franchement bien, et parviennent à restituer avec finesse les particularismes de leurs personnages respectifs, les tensions, les émotions, les sentiments qui les traversent. Honnêtement c’est une belle prouesse, d’autant que le film repose quasi-essentiellement sur eux, et porté un métrage comme cela à bout de bras ce n’est pas du tout chose facile, même pour un acteur adulte et confirmé. Pour ma part je les ai trouvés d’un niveau très similaire, ce qui arrange bien les choses aussi pour maintenir l’équilibre.Le scénario bien sûr fait polémique, encore que le métrage soit fort peu connu en dehors des initiés du cinéma underground qui sont plutôt habitués à voir pas mal de choses trash à l’écran. Pour ma part j’ai surtout trouvé le film un peu lent, un peu mou, s’enlisant par moment. Je crois que le format moyen aurait mieux convenu au film, qui là traine en longueur de manière intempestive. Néanmoins l’histoire a le mérite d’être singulière, bâti comme une sorte de conte, mais qui, pour le coup ne chercherai pas la suggestion, le non-dit. Honnêtement j’ai trouvé que le scénario manquait un peu d’enjeu mais pas d’intérêt, avec de belles idées qui auraient pu être mises toutefois au service d’une histoire plus riche.Visuellement le film est très soigné. La mise en scène de Murgia ne manque pas d’allure, offrant une réalisation très soignée, très élégante, sans voyeurisme exacerbé, qui met de surcroit parfaitement en avant les décors. C’est bien fait, quoiqu’à l’image de l’histoire Murgia se soit souvent enfermé dans un travail contemplatif relativement plat qui renforce le sentiment somnolent du film. Les décors sont sublimes, avec des paysages grandioses, des ruines romantiques qui ont fières allures, et la photographie très réussie les magnifient d’autant plus, imposant une atmosphère onirique aux limites du fantastique qui fait plaisir à voir. Alors évidemment dans un film de ce genre la question érotique est soulevée. Franchement ce film n’a rien de racoleur, de voyeur, ou de tendancieux. Tout au plus une ou deux scènes pourront décontenancer. Il y a du nu intégral certes quoique de façon très parcimonieuse, et des actes sexuels proprement dit vous ne verrez rien d’explicite, hormis en une seule occasion, et encore… Bref, même dans la version intégrale il n’y a rien de vraiment tonitruant. Sinon superbe partition musicale, qui accompagne merveilleusement le film et ses images, achevant de lui donner une ambiance singulière et prenante.Ainsi Maladolescenza ne doit surtout pas être limité aux 2 minutes de nudité explicite et enfantine qu’il renferme. Quoique que scénaristiquement un peu fade, et cela malgré les ressorts symboliques et allégoriques et le drame qui se dénoue à la fin, il est très réussit plastiquement et musicalement parlant. Murgia a des prétentions artistiques et il fait des efforts pour les exprimer, cela se voit. Très bien porté par son trio d’acteurs, voilà un film réussi, qui cependant pourra agacer par ses longueurs intempestives et un manque d’enjeux certains. 4.