2004, de Eran Ritlis, avec Clara Khoury, Hiam Abbass, Makram Khoury. Film à petit budget, mais pas un « petit film » pour autant. L’œuvre, née de la collaboration entre une journaliste palestinienne (scénario) et un cinéaste israélien, est profondément émouvante, parfaitement aboutie et interprétée avec justesse. Elle est, en outre, pour l’essentiel, tournée sur un chemin de 300m, petit bout de colline pelée : c’est dire la puissance du jeu des comédiens, qui réussissent à nous captiver dans un décor si ingrat. L’histoire nous est contée avec une grande sensibilité et beaucoup d’humanité, sur un sujet particulièrement délicat, en raison du contexte politique dans cette région du Golan, occupé par Israël depuis 1967, où les Syriens, principalement des Druzes, qui y vivent, n’ont droit à aucune nationalité. C’est le jour du mariage de Mona, un maraige arrangé, bien sûr, avec un Syrien de l’autre côté de la frontière, qu’elle va donc rejoindre, sans même le connaître, avec tout son dossier administratif, sachant qu’elle n’aura jamais droit au retour vers sa famille. La bureaucratie du poste frontière, tant côté israélien que syrien, va s’employer, malgré les efforts d’une jeune norvégienne de la Croix Rouge (le Comité International organise, depuis 1983, ce type de mariages), à gâcher minutieusement ce qui aurait dû être un moment festif. On comprend vite que la jeune fiancée est non seulement victime d’une tradition culturelle, religieuse, qui oppresse les femmes, mais qu’elle est en plus l’otage de la bêtise humaine et de l’absurdité politique, parce qu’un simple cachet sur un papier peut faire basculer sa vie. Le dénouement nous donne une réplique merveilleuse et pleine d’espoir à cette situation. En outre, l’humour n’est jamais bien loin du carrefour de toutes les émotions. Bonne idée : le jour du mariage est aussi celui de l’accession au pouvoir, à Damas, de Bachar el Assad, successeur de son père Hafez el Assad. De quoi donner de l’espoir aux autres malheureux??