Chaque ligne de dialogue est une confiserie.
Il y a les truffes au chocolat, les acidulés, les chamalos, les macarons. Cela pourrait être une pièce de théâtre magistrale mais il y a trop de personnages (tous interprétés par les meilleurs acteurs du moment).
C'est donc un film qui mérite 4 étoiles eu égard aux normes des années 50. Evidemment depuis il y a eu Out of Africa, Mission, la leçon de piano, autant d'images magnifiques inconcevables en 1958 pour des raisons bêtement techniques.
A cette époque, c'est sur le scénario et les dialogues qu'on pouvait juger un film. Inutile de rappeler le générique, vous en auriez la nausée tellement il est génialissime. Gérard Philippe dans un second rôle d'anthologie digne du Conservatoire!
Guitry ne parvient pas à faire autre chose que des films à sketchs et celui-ci en est un même si Pierre Brasseur, Louis de Funes (on l'a rarement vu jouer aussi bien tout en restant drôle), Jean Tissier à son meilleur, assurent le fil rouge.
La séquence avec Fernandel est extrêmement troublante. Faute de gout d'un homme qui avait les valeurs de son siècle ou incroyablement belle pirouette à prendre au second degré. On ne peut pas demander à grand monde, ils sont presque tous morts. Si quelqu'un connait Madame Sophie Desmaret (la femme de Fernandel, ici), je serais enchanté de connaitre la réponse.
J'insiste sur les dialogues pour que le message passe bien. C'est de l'intelligence à l'état pur. Un plaisir pour qui possède un esprit.
La minute entre Pierre Brasseur (à ne pas en douter qui joue le rôle de Guitry lui-même) et la nonne alors qu'il est à l'article de la mort rassemblent sans doute 60 des plus belles secondes du cinéma français.
La morale est évidemment réjouissante et conclut une oeuvre plus riche et généreuse que tous les "Si Versailles m'était conté".