En 2005 , avant de devenir un maître de l,' horreur avec des pépites tel que Black Phone ou Sinister , le méconnu à l' époque Scott Dickerson tente une percée dans le sous genre galvaudée du film de possession.
S' inspirant librement d' un fait divers sordide dans les années 70, celui de Anneliese Michel , jeune femme allemande qui succcomba à ses blessures après une séries d' exorcismes pratiqués sur sa personne par deux prêtes catholiques.
Seulement voilà comment se démarquer dans un sous genre aussi balisé que le film d' exorcisme ?
Et bien Dickerson vas se montrer malin a plusieurs niveaux en bousculant les codes du genres.
Mélangeant habilement les codes du films judiciaire et celui du tribunal, les faits de la possession d' Emily Rose sont racontés par le biais de celui qui est accusé d' avoir provoqué sa mort ( le père Moore).
Car au delà de respecter bêtement le cahier des charges du film de possession démoniaque, le réalisateur vas adopter ici le point de vues des personnes ayant soutenus et accompagnés Emily Rose jusqu'à ses derniers jours.
Au niveau de la temporalité c est très intéressant je dois dire, car on suit ici des faits relayés par des protagonistes lors d' un plaidoyer au tribunal.
C' est ainsi que plusieurs points de vues et plus visions des derniers jours d' Emily Rose vont se confronter au fil du métrage pour ainsi mettre la lumière sur les évènements sordides qui ont eu lieu les jours précédents l' Exorcisme d' Émily Rose.
D' amener l, intrigue par ce prisme apporte un véritable vent de fraîcheur dans le sillage balisé des films de possession, car ici , plus que dans n' importe quel autre métrage du genre, on doute vraiment de la véracité des faits.
Le montage alterne donc les scènes au tribunal , permettant donc d' écouter la version des faits des protagonistes ayant vécu de la intérieur la lente descente aux enfers d' Emily et les scènes de flashback où l' ont voit peu a peu Emily Rose ayant des comportements de plus en plus troublants.
Comme c était le cas dans l' Exorciste ( le pilier du genre) , les enjeux sur la dualité opposants les croyances/la foi et une réponse plus médicale sont ici centraux à l' intrigue.
D' ailleurs c' est une thématique centrale du film, la dualité entre les croyances et la véracité des faits. Pour démêler le vrai du faux, les deux arguments sont constamment mis en opposition.
En effet, la question ici posée est la suivante : est ce que le cas d' Emily Rose relève vraiment de la possession démoniaque ou provient plutôt d' un cas de psychose grave où seul un traitement adéquat aurait été salvateur.
Le film se gardera bien de donné une quelconque réponse a cela , préférant laisser aux spectateurs dans un doute permanent sur le déroulement des faits.
L' interprétation des personnages principaux est excellente, tous ont leur importance dans leur récit et tous sont affectés de prés ou de loin par les évènements qui se sont produits et qui ont donné la mort A Émily Rose.
Jennifer Carpenter est juste bluffante dans le rôle de la jeune fille possédée.Son rôle mélangeant une sensibilité touchante d' une part et un comportement vraiment dérangeant lors des scènes de possessions visé dans le mille. L' actrice n' en fait jamais trop, son rôle ne tombe jamais dans l' outrance du surjeu ( comme c' est souvent le cas dans les films de possession) et justement on à réellement envie de voir ce personnage se sortir de cet enfer.
La réalisation de Dickerson n' est pas en reste, jouant beaucoup sur la colorimétrie de ses scènes lorsque Emily Rose commence à avoir les premiers signes de possession, mettant bien l' accent sur le basculement progressif d' Emily Rose vers la folie, des actes dérangeants et le point de non retour.
Mais également sur ses idées de mise en scène et de montage.
L' alternance entre le passé et le présent est primordial, la multiplication des points de vues de ceux qui ont vécu de l' intérieur les évènements tragiques liés à la mort d' Emily Rose l' est tout autant
Cela donne du poids a la dramaturgie, renforce le sentiment de malaise lors des scènes d' audience et tout comme les jurés, le spectateur aussi veut dénouer le vrai du faux.
C est fort dommage cependant que tout l' aspect possession démoniaque se veut si peu inventif.
Dès lors que l' ont rentre dans les scènes de possession où la protagoniste commence a perdre pied , le métrage commence a perdre de son intérêt.
L' Exorcisme final lui même manque cruellement de renouveau, l' abécédaire du film de possession étant respecté a la lettre.
Déformation physique, voix caverneuse, personnage qui parle dans une langue qu' il ne devrait pas connaître... On a déjà vu sa de nombreuses fois. Certes souvent en plus ridicules et grossier , mais dès lors que le métrage se tourne vers l' horreur il perd automatiquement en intérêt et en supense.
Malgré l' investissement et le Talent notable de Jennifer Carpenter dans son rôle de possédée , le métrage a rarement l' occasion de faire peur, ou d' apporter des idées neuves des qu' il s' agit de l" exorcisme en question.
C est dommage tout l' aspect dramatique de l' histoire, ainsi que cette quête de vérité sur l' affaire est bien mieux mis en valeur que tout le côté horrifique de l' ensemble.
Mais je pense que Derrickson lui même à compris que son métrage n' était pas un énième tour de train fantôme empilant les pires clichés du film de possession.
Ici l' essentiel ce n' est pas la peur , c ' est tout l' histoire racontée autour de ce cas de possession et des personnes que ce cas à affecter. ( a commencé bien évidemment par Emily Rose,).
Cherchant un autre point de vue, une autre manière de raconter la sempiternelle histoire de possession démoniaque, Derrickson arrive avec brio a se démarquer de ceux qui l' ont précédé.
Ne vous attendez pas cependant a la trouille de votre vie, l' aspect horrifique est ici relayé au second plan.
Les faits et les personnages ce sont ces deux éléments centraux que le réalisateur à voulu mettre en valeur ici.